Au Burkina Faso, le changement climatique affecte le secteur de l’élevage. Les pluies sont de plus en plus rares et les éleveurs se tournent vers d’autres pays à la recherche de pâturages.
Près de soixante minute passées, et un silence total au milieu d’un bétail à Fada N’Gourma, à l’Est du Burkina Faso. Aucun bœuf ne meugle. Aucun mouton ne bêle. Seule une chèvre chevrote faiblement, par moment. On est loin des marigots déjà asséchés en ce mois de janvier. Aucune herbe à brouter.
Ce n’était pas le cas il y a quelques années pourtant selon Oumarou Bandé, qui voit son cheptel de près de 200 têtes réduit à une dizaine seulement. Il y a convoyé le reste vers les pays voisins du fait du manque de pâturage. Ce n’était pas le cas, il y a une dizaine d’années en arrière. Les marigots étaient toujours pleins. Il n’avait pas besoin de parcourir de longues distances pour faire paître son troupeau. Oumarou Bandé évoque les changements climatiques.
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« Les pluies sont de plus en plus rares, les barrages tarissent et il n’y a plus d’herbe. Les quelques pistes sur lesquelles les animaux étaient conduits sont reconverties en champs », constate avec amertume le pasteur
Mamadou Dicko, un autre éleveur, propriétaire de près de 800 têtes est contraint de conduire son troupeau désormais au Togo voisin pour avoir accès à des zones de pâturage. Même en se rendant dans ce pays voisin supposé mieux arrosé, le problème demeure.
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« Au Togo également, les pluies sont aussi de plus en plus rares et il n’y a plus assez d’espace. Les pluies également diminuent. Mais l’avantage que nous avons en nous rendant là-bas, c’est qu’on peut avoir facilement de l’eau pour les animaux contrairement à chez nous Burkina Faso », regrette cet éleveur.
Il ne peut empêcher la mort de certaines bêtes affaiblies. Pour l’éviter, il se résout à vendre une partie pour entretenir le reste. « Sinon, tous les animaux mourront », dit-il avec un air de tristesse . Selon le constat de Dicko, la saison des pluies est devenue plus courte. « Si la saison des pluies dure deux mois, l’eau qui coule vers les barrages n’est pas suffisante pour abreuver le bétail en attendant la prochaine saison des pluies. Nous sommes contraints d’acheter de l’eau dans des barils à la fontaine pour abreuver le bétail », poursuit Dicko.
La mobilité, une solution
Face à ces changements, il faut s’adapter. L’une des alternatives pour venir à bout du changement climatique est la mobilité selon le Réseau de communication sur le pastoralisme (RECOPA).
« La mobilité est une forme d’adaptation au changement climatique qui permet à l’éleveur de partir des zones arides qui n’ont pas suffisamment de pâturages pour aller vers des zones abondantes en pâturages », explique Boubacar Maïga, directeur du RECOPA.
Des mesures d’accompagnement sont mises en place. « Nous avons implanté des banques d’aliments bétail le long de ces couloirs pour permettre aux transhumants de trouver de l’aliment pour compléter un peu l’insuffisance des ressources naturelles de pâturages ».
Selon le plan d’actions régional pastoral 2019-2023, l’élevage occupe 80% de la population totale du Burkina Faso et contribue à hauteur de 18% au produit intérieur brut.
Faïsall Ouédraogo