Des citoyens burkinabè disent ne plus avoir confiance aux hommes et femmes politiques. A l’orée des élections, l’émission hebdomadaire Ya’débat pose le débat sur le fondement de cette crise de confiance. Pour certains invités, l’homme politique pèche par ses promesses non tenues. Pour d’autres, le citoyen ne peut s’en prendre qu’à lui-même, puisqu’il ne choisit ses dirigeants qu’en fonction de l’argent et d’autres avantages reçus.
Marcel Dakissaga, membre du Balai citoyen, dit ne pas avoir confiance aux hommes politiques burkinabè. La raison : ils ne respectent pas leur part de contrat avec les électeurs, quand ils font des « promesses mielleuses » pendant la campagne électorale. « On présente quelque chose au peuple burkinabè, on se fait élire, mais on sélectionne les priorités en fonction de la quête du prochain mandat, des élections prochaines. Ils ne tiennent pas leurs promesses», regrette-t-il.
Jeune homme politique, Simplice Ouédraogo n’est pas du tout d’accord avec cette façon de voir. « Je ne me reconnais pas dans ça. L’image que les gens ont de la politique est presqu’innée. (…) en politique, la confiance s’établit sur la base des actions », répond-t-il. Selon lui, les promesses ne sont pas souvent tenues à cause des contingences. « On fait des promesses, mais la réalité sécuritaire, sanitaire du terrain rattrape. En ce moment les priorités ne peuvent que changer », précise Simplice.
Acteur de la société civile, Simon Pierre Douamba, chargé du suivi évaluation au Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) confirme le manque de cote des hommes politiques au sein de l’opinion publique. Pour lui, il faut savoir analyser le marché électoral pour comprendre que le citoyen a les dirigeants qu’il mérite. « Si j’ai une offre que je n’accompagne pas avec de l’argent, le citoyen ne va pas me voter. C’est la base du problème. Les gens partent vers ceux qui ont de l’argent. En retour, ces partis quand ils arrivent au pouvoir, ils veulent récupérer ce qu’ils ont pu investir (…) c’est un marché. Vous voulez de l’argent, on vous donne de l’argent, on prend le pouvoir et après on récupère notre argent », explique Simon Pierre Douamba. Il reste convaincu que les élections se gagnent avec l’argent. « Donnez-moi des milliards aujourd’hui, je serai président du Faso. C’est clair », se convainc l’acteur de la société civile qui soutient par ailleurs que la politique doit être un service rendu au plus grand nombre et non un métier.
« Il faut restaurer cette confiance »
Les invités du débat sont unanimes sur la nécessité de restaurer la confiance. Pour Marcel Dakissaga, tous les Burkinabè sont responsables de l’effritement de la confiance envers les Hommes politiques. Après les élections, il faut assurer le rôle de veille. Et cela incombe à tous. « Lorsqu’on confie quelque chose qu’on ne surveille pas, le politique fait ce qu’il en veut », estime Marcel. Sur ce point Simon Pierre Douamba est en accord avec lui, parce que, note-t-il, cela y va de la stabilité du Burkina. «C’est l’homme politique qui se retrouve président, député. Quand on n’a pas confiance aux hommes politiques, on n’a pas aussi confiance aux institutions républicaines et là on est prêt à s’allier à d’autres forces pour s’attaquer à la nation». Pour les élections à venir, les invités de l’émission Ya’Débat suggèrent la formation des citoyens afin qu’ils sachent lire les programmes avant de choisir un candidat.
L’émission Ya’ Débat est diffusée tous les samedis à partir de 10 heures sur l’ensemble des radios partenaires.