Alors que la campagne électorale en vue des élections couplées du 22 novembre 2020 bat son plein au Burkina Faso, les discussions en famille ou entre amis sur ce double scrutin vont bon train. Chez les Sawadogo dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou, l’ambiance familiale a bien changé depuis le démarrage des joutes électorales.
C’est devenu un grand classique dans la famille de Rachid, 26 ans. « Depuis le lancement de la campagne électorale le 31 octobre dernier, à chaque fois que nous nous retrouvons avec mes parents, mes frères et sœurs et autres voisins du quartier, le sujet qui occupe nos échanges reste la campagne électorale ». Il ne pouvait d’ailleurs pas en être autrement quand le père de famille, Omar Sawadogo, est pleinement engagé dans ces sélections. Ce dernier est le secrétaire général de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), l’un des principaux partis politiques de l’opposition politique au Burkina Faso à l’arrondissement 4 de Ouagadougou.
En cette journée du lundi 2 novembre 2020, l’ambiance est toute particulière dans cette famille. Omar est le seul membre de sa famille à être véritablement engagé en politique. Pour autant, il avoue avoir l’accompagnement des autres membres de la famille : « J’ai le soutien de madame et des enfants ». A la question de savoir s’il oblige les membres de sa famille à épouser ses opinions politiques, le SG de l’UPC à l’arrondissement 4 de Ouagadougou se veut catégorique : « Je n’ai ni imposé, ni demandé à quelqu’un de ma famille de m’accompagner mais je vois qu’ils m’accompagnent volontairement. Le jour du vote ils le font aussi en votant pour mon parti. Je pense qu’ils m’accompagnent parce que dans une famille, il faut être solidaire pour que les choses fonctionnent bien. Quand quelqu’un a une vision, il faut l’accompagner ».
« J’ai l’accompagnement de ma famille mais… »
Malgré l’assurance d’avoir le soutien de sa famille, Omar reconnaît que l’ambiance a un peu changé depuis le lancement de la campagne électorale. « C’est vrai que j’ai l’accompagnement des membres de ma famille mais je sens une certaine frustration, par moment, des enfants et surtout de madame. Ils vivent quelque chose d’extraordinaire qui ne les arrange pas toujours. Madame peut, par exemple, me demander 5000 f pour ses courses et je dis que je n’ai pas d’argent et au même moment un militant vient et je lui donne 20 000 pour organiser une activité entrant dans le cadre de la campagne électorale. Donc ça change beaucoup l’ambiance mais on essaie d’arranger les choses. On essaie de jongler pour tenir le temps des élections et tout redeviendra normale à l’issue du scrutin », raconte-t-il.
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La campagne électorale est une occasion pour Omar Sawadogo d’échanger avec sa famille sur certaines questions de l’heure. « Pour l’avenir du pays, il nous arrive de parler politique en famille sur les questions d’actualité. Moi en tant que responsable politique, je suis obligé d’en parler. Ma famille est composée de fonctionnaires, d’étudiants et d’élèves qui aspirent à travailler. L’inquiétude quant à leur avenir nous amène à échanger sur les questions d’actualités surtout en cette période de campagne électorale ».
Ce n’est pas Rachid Sawadgo, étudiant en fin d’étude qui dira le contraire. Pour lui en effet, l’engagement politique de son père fait qu’il s’intéresse de façon particulière à la campagne électorale. « Cela fait de moi une personne ressource sur les questions électorales auprès de mes camarades et amis » confie-t-il avec humour. En attendant que la cour familiale retrouve son calme ordinaire à l’issue du scrutin du 22 novembre, Rachid et ses frères devront supporter les avantages ainsi que les inconvénients du militantisme politique de leur père.