Invités à débattre avec les jeunes sur l’épineuse question de la création d’emplois, des candidats à l’élection présidentielle n’ont pas jugé utile d’y participer. A Bobo Dioulasso, deuxième plus grande ville du Burkina Faso, le Studio Yafa y était pour l’hebdomadaire émission Ya’Débat en marge de la campagne électorale. Mais des 4 candidats conviés, 3 ont envoyé des représentants, ce qui a provoqué le courroux des jeunes fortement mobilisés.
Colère et déception dans le message du président du Conseil national de la jeunesse (CNJ), co-organisateur du débat. Moumouni Dialla, rappelle à l’assistance que Roch Kaboré, Zéphirin Diabré, Kadré Désiré Ouédraogo, et Eddie Komboïgo étaient conviés à ce débat hebdomadaire. Mais à l’arrivée, trois candidats ont envoyé des représentants. L’ancien parti au pouvoir, CDP, a fait défection à la dernière minute, même pas un représentant. « Aujourd’hui, nous sommes mécontents. C’est un manque de considération à l’endroit de la jeunesse »,a lâché le président du CNJ , arrachant un tonnerre d’applaudissements des jeunes fortement mobilisés. « S’ils n’ont pas le temps pour écouter les jeunes parce qu’ils sont en campagne, ils vont trouver des jeunes sur leurs terrains », a insisté Moumouni Dialla. Le président du Conseil national de la jeunesse finira par inviter les représentants à transmettre aux candidats que c’est d’eux les jeunes avaient besoin pour faire part de leurs préoccupations en matière de création d’emplois et de chômage.
Formation professionnelle et auto-emploi
« Quelle politique, quelle stratégie pour la création d’emplois au Burkina Faso et comment faire reculer le taux de pauvreté ? ». C’est la question qui a nourri l’émission Ya’Débat spéciale élections. Pour le représentant du président sortant et candidat Roch Kaboré, pour les 5 ans à venir, ce sont 600 000 emplois qui seront créés pour la jeunesse. L’animateur du débat lui rappelle qu’en 2015, le même candidat avait promis 50 000 emplois. Une promesse non tenue. Le représentant Adama Sanou reconnait que la promesse n’a certes pas été tenue, mais selon lui, son taux d’exécution est de 70 %. A l’en croire, l’agriculture et l’élevage qui absorbent une grande partie de la jeunesse seront davantage promus partout au Burkina, si le candidat Roch Kaboré est réélu. « Il ne faut pas penser que c’est seulement la fonction publique qui est la seule pourvoyeuse d’emploi. Il faut que les jeunes aillent vers l’auto emploi, voilà pourquoi au MPP nous mettons l’accent sur la formation professionnelle des jeunes», a poursuivi le représentant du candidat Roch Kaboré.
Pour Daniel Dah, représentant du Candidat Zéphirin Diabré, la proposition du candidat du parti au pouvoir MPP est un leurre. Il dit ne pas partager le point de vue de son vis-à-vis. «Ils ont eu 5 ans, qu’est-ce qu’ils ont fait ? En matière de création d’emplois, ce qui a été fait ces 5 dernières années, c’était insuffisant », regrette-t-il, tout en notant que Zéphirin Diabré propose plus. 1 800 000 emplois pour le quinquennat prochain, s’il a la faveur des électeurs. Et pour ce faire, Zéphirin Diabré va faire du Burkina un pôle industriel. « Ainsi tout le monde pourra travailler. Les ingénieurs ou ceux qui n’ont que leurs forces physiques », explique Daniel Dah. Oumar Traoré, le représentant du candidat Kadré Désiré Ouédraogo confesse ne s’être pas préparé avant de venir au débat. Par contre, il explique que son candidat entend former 10 000 ingénieurs et techniciens en deux mandats. « Il ne s’agit pas de faire des promesses qu’on ne peut pas tenir », lance-t-il aux autres représentants autour de la table.
Mais les jeunes eux disent avoir du mal à croire aux promesses de création d’emplois faites par les candidats. Pour Sami Kam, jeune économiste de formation, les promesses en faveur des jeunes n’ont pas été tenues les 5 dernières années. «En tant que jeune, comment je peux vous faire confiance pour les 5 années à venir ? Je suis resté sur ma faim les 5 dernières années », martèle le jeune désabusé. Les invités de l’émission Ya’Débat s’accordent par contre pour reconnaitre que la réduction du taux de pauvreté sera le corollaire de la création d’emplois pour les jeunes qui représentent la majorité de la population burkinabè et 52 pour cent de l’électorat.
L’émission Ya’ Débat est diffusée tous les samedis à partir de 10 heures sur l’ensemble des radios partenaires.