Au terme du premier grand meeting du président sortant Roch Kaboré à Bobo Dioulasso, des jeunes présents disent avoir bien dansé, passant ainsi à côté des messages qui leur étaient destinés.
Azèta Kindo avoue n’avoir pas saisi le message essentiel du jamboree politique, elle accuse le bruit dans les gradins du Stade. Par contre, la jeune fille se réjouit d’avoir vu son candidat et surtout d’avoir bien dansé aux sonorités de ses vedettes préférées, au point d’endommager ses chaussures.
Azèta Kindo était au stade Sangoulé Lamizana depuis 13h, pour un meeting prévu pour débuter à 15h. Commerçante de profession, la jeune fille d’environ 23 ans ne voulait pas manquer le premier grand meeting dans la ville, depuis l’ouverture de la campagne électorale. Mais à la fin, elle avoue n’avoir rien entendu des différents messages de campagne lancés. « On a vu le président, mais nous n’avons pas entendu ce qu’il a dit, là où nous étions il y avait trop de bruit », dit-elle, toute hilare. Par contre, la jeune commerçante, s’est bien amusée avec les prestations d’artistes. « Tchiéé on a dansé quand Dez Altino chantait. Il y a eu aussi Imilo Lechanceux, Oumou Sangaré. Regarde mes chaussures sont même cassées », ajoute Azèta Kindo en montrant ses talons endommagés.
A Bobo Dioulasso, plusieurs jeunes reconnaissent que l’affiche des artistes est un bon prétexte pour drainer du monde. Dagnongo Abdoulaye ne votera pas à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020. Il est malien de nationalité. Mais le jeune homme de 19 ans en classe de 3e, était présent au meeting du parti au pouvoir pour voir sa vedette en prestation : sa compatriote Oumou Sangaré. « J’ai aimé surtout l’arrivée de Oumou Sangaré, c’est une grande artiste. C’est ce qui m’a motivé à venir. Un président n’est pas un petit, c’est grâce à lui qu’elle est venue. Si c’est un autre parti politique qui invite Oumou Sangaré, je serai là pour participer », reconnait Abdoulaye entouré de ses amis. Cheick Amed, 27 ans, instituteur était dans la commission sécurité du meeting. Quand on lui demande ce qu’il a retenu lors de ce jamboree politique, il évoque vaguement la création d’emploi promise par le candidat Roch Kaboré avant d’insister sur la prestation de ses artistes préférées. « Oumou sangaré, elle est très populaire à Bobo. Dans ses chants, elle donne beaucoup de conseils », fait remarquer le jeune instituteur.
« Gagner le pari de l’emploi des jeunes »
Dans son message, le président du Faso a promis se pencher sur l’employabilité des jeunes, s’il est réélu au soir du 22 novembre 2020. « Nous devons gagner le pari de l’emploi des jeunes et des femmes. C’est un défi majeur. Nous allons faire en sorte que Samandeni (Ndlr. Le plus grand barrage de la région) qui sera un centre agro industriel, permette aux jeunes et femmes de pouvoir y travailler et avoir un travail décent. Nous allons continuer la formation professionnelle et mettre des fonds à la disposition de la jeunesse pour booster l’activité privée » a déclaré le président sortant Roch Kaboré.
C’est ce message qui semble avoir retenu l’attention de Lokré Richard. Le jeune professeur de français dit être plus attaché au fond qu’à la forme du meeting. Pour lui, ce sont les messages qui doivent davantage intéressés les jeunes, plutôt que les prestations d’artistes. Mais il reconnait que les artistes permettent de mobiliser un plus grand nombre. « En tant que jeune, la présence du camarade président m’a marqué. Il est en deuil, il vient de perdre son père, mais il a tenu à venir. Ensuite, ce qui a retenu mon attention, c’est sa promesse de l’employabilité des jeunes et des femmes », poursuit Lokré Richard qui précise qu’il a fait le déplacement, guidé par ses convictions politiques.
Par contre, pour Amidou Ouédraogo, chargé de la coordination animation mascotte, sa présence n’est pas synonyme d’un quelconque soutien politique. « Nous sommes des artistes. On ne refuse pas nos prestations à un parti politique », précise celui qui encadre les deux jeunes mascottes qui restent immobiles pendant des heures. Apolitique, Djina Lassi dit l’être aussi. Ce responsable dozo (chasseur traditionnel), est à la tête d’un groupe d’environ 20 personnes. « Nous on ne fait pas de politique. Nous sommes là, pas parce que c’est un parti politique, mais parce qu’on nous a invités. Nous sommes des dozos, et s’il y a un problème particulier et que nous sommes informés, nous partons. Nous ne distinguons personnes », a conclu le Djina Lassi pendant que le stade se vide de ses spectateurs.