A tout juste 23 ans, Samiratou Sibila Ouédraogo va à la conquête d’une place à l’Assemblée nationale du Burkina Faso en tant que tête de liste nationale de Servir et non se servir (SENS), un mouvement créé en août 2020. La jeune fille dit se fixer un objectif : montrer que les jeunes et les filles ont leur place dans la vie socio-politique de leur pays.
Son foulard en permanence sur la tête, Sibila Samiratou Ouédraogo est toujours en première ligne lors des meetings de son parti pour les législatives de 2020 malgré son jeune âge. La politique, un rêve d’adolescente qui devient réalité. Ce qui justifie, selon elle, son inscription en Sciences juridiques et politiques à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou après l’obtention de son BAC à Ouahigouya. Sibila Samiratou Ouédraogo dit avoir hésité avant de faire son entrée en politique. « Au Burkina Faso ici, tous les partis font la promotion de la jeunesse. La plupart des jeunes dans les partis politiques, aujourd’hui, voient leur rôle réduit à des haies d’honneur lors des conférences de presse », dénonce-t-elle.
La jeune étudiante finit par adhérer au mouvement Sens où elle se voit attribué le poste de chargé de la mobilisation féminine dans la province du Yatenga. En s’engageant dans ces élections l’objectif est tout tracé pour elle : « C’est pour lancer un message fort à la jeunesse en premier. Nous sommes la majorité de la population malgré cela on ne s’intéresse pas à la politique. On dit la démocratie c’est le gouvernement de la majorité. Et si la majorité elle-même ne s’intéresse pas à la politique ? En plus, on passe le temps à critiquer. Il faut qu’on se rende compte que critiquer seulement ne peut pas arranger les choses. Il faut qu’on s’engage. Et c’est notre temps ».
« Une fille peut aussi contribuer au développement de son pays »
Sibila ne compte pas jouer un rôle de figurante pendant ces législatives. Ce qui explique ses nombreuses tournées dans la ville de Ouagadougou et dans les régions pour inciter les jeunes à voter. Elle souhaite être élue députée à l’Assemblée nationale du Burkina Faso pour interpeller certains parents qui pratiquent encore le mariage forcé et précoce. « Si par exemple, moi Samiratou j’arrive à accéder à l’Assemblée nationale à 23 ans, ce sera un message à ce parent qui donne sa fille de 15 ans en mariage en pensant qu’elle ne sert qu’à faire des enfants. Il comprendra qu’une fille peut aussi contribuer au développement de son pays », justifie-t-elle sur un air d’assurance et d’un ton convaincu. Elle ne considère pas son jeune âge comme un handicap. « S’engager en politique pour quelqu’un de mon âge devrait être un devoir et non une alternative », insiste Sibila.
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Bien que novice dans la sphère politique, cette fan des rappeurs Smockey et Youssoufa traine une longue expérience dans la vie associative. Elle est présidente du Club des bâtisseurs du Nord, une association de formation en entreprenariat, en leadership. « J’avais constaté que les formations en entrepreneuriat n’existait pas dans le Yatenga. Avec des amis, nous avons créé cette association pour combler ce vide », explique-t-elle.
Sibila milite également dans des associations comme l’Association jeunes leaders dont elle est vice-présidente, les Héroïnes du Faso, Ensemble nous pouvons et l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB). Sibila Samiratou Ouédraogo dit être convaincue, cette expérience dans la vie associative va lui permettre de relever les défis qu’elle s’est lancée si toutefois fois elle est élue à l’Assemblée nationale.