Près de quatre-vingt dix partis politiques sont en course pour les élections législatives du 22 novembre au Burkina. Face à la profusion des logos de partis sur le bulletin unique de vote, des électeurs se disent inquiets de ne pas retrouver facilement le logo de leurs candidats. La ressemblance entre les symboles ou la couleur, le nombre et le positionnement des logos sur le spécimen, sont aussi sources d’inquiétudes dans les quartiers généraux de campagnes des formations politiques.
A l’université Joseph Ki-Zerbo, l’actualité électorale alimente les discussions dans les groupes d’étudiants. Ce mardi 10 novembre, Idrissa Tankoano, étudiant en histoire, et ses camarades débattent sur la pléthore de partis politiques engagés pour les législatives. « Il faut vraiment être vigilant et bien regarder le spécimen pour identifier son parti. Les logos se ressemblent et les couleurs aussi », lance l’étudiant. Idrissa n’hésite pas à sortir son smartphone, pour montrer le spécimen du bulletin unique des législatives qu’il a aperçu sur son fil d’actualité Facebook. L’étudiant espère ne pas se tromper de logo le jour du vote.
En plus du nombre de partis politiques (ndlr, 88 partis) en courses, les électeurs devraient fournir un effort pour reconnaitre le logo de leurs partis. André Dipama, cordonnier à Ouagadougou, n’a identifié qu’un seul logo sur le spécimen. « C’est trop. Je ne connais même pas le nombre de partis » dit-il l’air embêté. Cette crainte est également exprimée par Solange, une gérante de kiosque dans un quartier de Ouagadougou. La jeune commerçante dit confondre les candidats à présidentielle et ignore totalement ceux des législatives. « Je ne connais que 4 partis. CDP, MPP, UPC et je vois une dame là-dedans aussi (NDLR, MRB de Monique Yéli Kam)», dit-elle.
Positionnement et ressemblance des logos
Au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ancien parti au pouvoir, des cadres ne s’inquiètent. Les électeurs assurent- ils sont familiers à » l’épi et la daba » logo du parti. La longévité du parti y étant pour beaucoup.
A l’Union pour le progrès et le changement (UPC), les responsables ont opté pour la technique du comptage. Lors des meetings, explique Gustave Nombré, chargé de communication digitale de l’UPC, « nous conseillons aux militants et électeurs de compter. Par exemple sur le spécimen du Kadiogo, l’UPC figure à la 10e place, on insiste pour que les gens comptent du haut vers le bas jusqu’au numéro 10. Dans le Houet, le parti occupe la dernière place sur la liste. C’est donc très simple dans cette province. A chaque province nous communiquons sur le positionnement ». Selon le chargé de communication digitale, dans la perspective de bien faire, certains électeurs peuvent malheureusement confondre le logos du parti avec celui d’un autre. Pour parer à toute éventualité, des spécimens en couleur sur lesquels l’effigie du parti est mise en exergue sont présentés aux électeurs à chaque meeting.
L’air stressé, Aziz Dabo, militant de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) dit être remonté contre la CENI. l’organe en chargée de la supervision des élections. » Non seulement le spécimen n’a pas été rendu disponible à temps, pire, l’institution n’a donné que 388 spécimens par province, très peu pour les grands partis », explique-t-il. Devant l’entrée principale du siège du parti, des dizaines de spécimens seront reproduits pour les différentes équipes de campagne. Sur la stratégie déployée par la NAFA pour permettre à ses électeurs d’identifier son logo sur le spécimen, le jeune militant Aziz Dabo se veut discret. « Les partis de l’opposition ne doivent pas dévoiler leur stratégie », dit-il.
10 652 candidats sont en course pour 127 sièges à l’Assemblée nationale.