Les espaces temporaires d’apprentissage (ETA) améliorent les conditions de travail des élèves déplacés internes à Ouahigouya, au Nord du Burkina Faso. Ces établissements temporaires regroupent des élèves des établissements fermés et contribuent à désengorger les salles de classe pléthoriques.
Dans la cour de l’école Wend-Pouiré au secteur 1 de Ouahigouya, trois salles de classe se distinguent des autres. Une tente d’environ d’une trentaine de mètres de longueur sur une dizaine de mètres de largeur. Cette tente est couverte d’une bâche bleue. Pour l’instant deux des trois salles de classe sont occupées. Les deux salles accueillent les élèves de CE1c qui comptent 91 apprenants. La salle des élèves de CE1s regroupe 81 élèves.
Avant l’arrivée de ces établissements, chaque classe de CE1 comptait au moins 180 élèves. Ce fut un ouf de soulagement pour le directeur de cette école de 1800 élèves. « Depuis que nous sommes ici, je peux entendre correctement ce que Madame dit et je peux aussi bien recopier mes leçons » se réjouit Awa Ouédraogo de la classe de CE1c.
Au-delà du désengorgement des classes à effectif pléthorique, les ETA ont facilité le regroupement des élèves déplacés internes. La Direction provinciale des enseignements post-primaire et secondaire du Yatenga dit avoir enregistré 7155 élèves déplacés internes inscrits.
Ouf de soulagement
Le site Yamwaya 2 regroupe les élèves déplacés de deux lycées et un collège d’enseignement général de la commune rurale de Oula. Six salles de classe constituées exclusivement d’établissements temporaires d’apprentissage. « Voilà, ça nous a permis d’avoir un site fixe pour regrouper tous les enfants. Sinon ce n’était pas simple. On avait loué les salles. Comme son nom l’indique, c’est vraiment temporaire. On espère le retour dès la rentrée prochaine. Sinon il va falloir réfectionner. Vous voyez vous-même les portes commencent à s’enlever », s’inquiète Abel Ouédraogo, le responsable dudit site.
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Pour l’année scolaire écoulée 2021 – 2022, la direction provinciale dit avoir pris en location 47 salles de classe. Ces locations ont coûté au budget de l’État plus de 10 millions de Francs Cfa. Durant cette année scolaire, la mise en place des établissements temporaires a permis de réduire cette dépense de moitié. « Nous sommes passés de 47 salles en location l’année passée à 16 cette année. Le coût financier pour les locations cette année est entre 5 à 6 millions », explique Drissa Belem, le directeur provincial des enseignements post-primaire et secondaire du Yatenga.
Un besoin d’éclairage
Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Tout n’est pas rose. Yembekoudougou Mariam institutrice à l’école Wend Pouiré explique : « Avec la chaleur qui arrive et voyez même les tentes, les bâches sont déjà déchirées. Le soir à 17h, on envoie le matériel dans une classe le matin on ramène. Chaque matin, les enfants puisent l’eau, au moins 10 bidons. A partir de 10h seulement là, on ne peut pas rester. Mais si on met au moins un peu d’eau en tout cas, ça refroidi un peu. Ces hangars sont à saluer, maintenant s’ils peuvent vraiment améliorer ».
Pour les élèves, il faut songer à éclairer les salles de classes temporaires. Cela disent-ils, leur permettra de pouvoir prendre les cours jusqu’à 18h afin de combler un peu les retards accusés. Certains établissements temporaires sont aussi victimes d’actes d’individus aux valeurs peu orthodoxes qui ont par exemple fait disparaître des ouvertures. Pour les responsables d’établissements, les parents d’élèves doivent être les premiers à veiller sur les salles temporaires installées pour leurs enfants.
Patrice Kambou
Collaborateur