Lors de la Semaine nationale de la culture (SNC) en 2006, le public découvre la Troupe warba relwendé de Kongoussi constituée essentiellement d’enfants. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître puisque ces enfants remportent le grand prix dans la catégorie danse traditionnelle. Ils s’imposent quatre années de suite. Mais après le dernier sacre en 2014, la troupe vit une traversée de désert.
Le jeune Séverin Zongo avait entre 8 et 9 ans quand il participait pour la première fois à la Semaine nationale de la culture (SNC) en 2006 avec la troupe Warba Relwendé de Kongoussi. C’était il y a 17 ans. Alors élève en classe de CP2, il découvre pour la première fois la compétition. La prouesse de cette troupe venue de la région du Centre-Nord séduit le public et aussi le jury. La troupe s’en sort alors avec le premier prix dans la catégorie danse traditionnelle. Sévérin Zongo abandonne les bancs pour se consacrer à la danse, sa passion.
Mais aujourd’hui, le jeune garçon, la vingtaine, déchante. « Avec le premier prix qu’on a remporté lors de la SNC de 2006, on était très fiers. A notre retour, la population de Kongoussi nous a chaleureusement accueillis. Dès lors, nous nourrissions l’ambition de faire de la danse un métier. Malheureusement, on a déchanté car la troupe est aujourd’hui délaissée », regrette-t-il.
« Chacun se débrouille comme il peut »
Pendant cinq éditions d’affilée, la Troupe warba relwendé de Kongoussi a remporté la première place à la SNC. Fidèle Ouédraogo était lui, flûtiste dans à l’époque. Pour lui, cette période de gloire a été de courte durée et les retombées financières et économiques ne sont pas perceptibles chez les membres de cette troupe composée d’une trentaine de personnes selon Fidèle Ouédraogo.
« Aucun d’entre-nous ne peut dire que la troupe lui a permis de se réaliser financièrement. Ce que nous gagnons avec les rares cachets sont dérisoires et ne permettent pas de satisfaire les membres de la troupe alors que nous avons des familles à gérer. C’est ainsi que chacun se débrouille comme il peut dans d’autres secteurs d’activités. Moi personnellement, je me suis rabattu sur la menuiserie afin de satisfaire les besoins de la famille », fait savoir le flûtiste de la troupe.
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Chez les encadreurs, c’est également le même constat. Hubert Ouédraogo, entraineur de la troupe depuis sa création, dénonce le désintérêt vis-à-vis de sa troupe, qui selon lui, est incompréhensible et inexpliqué. « Avec le premier prix de 2006, on pensait vraiment que la troupe servirait de cas d’école pour la ville de Kongoussi et de tout le Bam. Mais la troupe n’a pas eu d’accompagnements après son sacre. De nos jours par exemple, nos prestations se limitent à des cérémonies de petites envergures à l’image des funérailles et autres petits événements heureux », dénonce-t-il. Pourtant dans un passé récent, la troupe était conviée aux plus grandes cérémonies nationales.
L’impact de la situation sécuritaire
Jules Sawadogo, enseignant de profession, est le directeur artistique de la troupe warba Relwendé de Kongoussi depuis 2016. Sa préoccupation est de sauver la troupe menacée de dislocation alors qu’elle a fait la fierté de la province du Bam et de la région du Centre-Nord. « Quand on regarde le parcours de la troupe, on s’aperçoit aujourd’hui que la direction qu’elle a prise n’est pas du tout rassurante. Les animateurs de la troupe ne sont pas soutenus. Et là où le soutien, l’accompagnement n’existent pas, s’installe facilement la démotivation », s’inquiète-t-il.
En plus, la situation sécuritaire a eu un impact négatif sur la culture dans la province du Bam. « Depuis la dégradation de la situation sécuritaire, nous avons rangé nos instruments dans l’optique d’accompagner l’Etat pour le retour de la paix. Certains danseurs de la troupe se sont enrôlés comme VDP et sont actuellement au front », constate le directeur artistique.
A la SNC 2023, la Troupe warba relwendé de Kongoussi n’y sera. Elle a été éliminée lors des phases régionales de la compétition au Centre-Nord.
Zondwend Konseimbo