L’insécurité et la pandémie de la Covid-19 privent Kaya, ville située à une centaine de kilomètres de la capitale burkinabè Ouagadougou, des étrangers qui sont les principaux clients des articles du cuir et des brochettes au « Koura-koura ». Ces produits font pourtant la réputation de la localité. Mais le temps de la campagne électorale, les bonnes affaires ont repris pour certains acteurs.
Des jeunes commerçants des produits du cuir à Kaya comme Mohammed Ouédraogo, 28 ans, ne savent plus où donner de la tête depuis quelques deux ou trois ans. La raison : la rareté des clients essentiellement des étrangers en raison de l’insécurité grandissante dans la localité ainsi que la pandémie de la Covid-19. Conséquence, il est devenu difficile pour lui de vendre « deux ou trois articles par jours ». Heureusement, la campagne électorale a ramené du monde à Kaya et les bonnes affaires ont quelque peu repris. « Pour dire vrai, depuis que la campagne électorale a commencé, je vends plus qu’avant. J’ai même peur que cette campagne prenne fin rapidement. Le jour du meeting du parti au pouvoir, de nombreux étrangers sont venus dans la ville. C’était pareil quand certains grands partis tiennent leurs meetings à Kaya » raconte le jeune homme qui est dans cette activité depuis près d’une dizaine d’années. A en croire celui qui dit avoir abandonné les études pour se lancer dans le commerce des produits du cuir comme les sacs et les chaussures, « avant la campagne électorale, je pouvais passer toute la journée sans avoir de quoi mettre de l’essence. Avec la campagne, je peux vendre entre 75 000 et 150 000 F CFA par jour alors qu’en temps ordinaire, je gagne simplement 10000 F CFA ».
Kaya n’est pas seulement la capitale des cuirs et des peaux. Le chef-lieu de la province du Sanmatenga est aussi connue du fait de ses brochettes assaisonnées de « koura koura » ou poudre d’arachide. Lamine Compaoré passe pour être l’un des plus grands vendeurs de ces fameuses brochettes de Kaya. Comme pour les produits du cuir, ce sont généralement les visiteurs à Kaya qui sont les principaux clients des brochettes au koura koura. Ainsi, avec la campagne électorale, Lamine Compaoré et ses collaborateurs n’arrivent pas à honorer toutes les commandes. « Avec le monde qui arrive dans la ville depuis quelques jours, il n’est pas toujours facile de gérer toutes les commandes » raconte-t-il. Pour celui qui est dans le domaine des brochettes au koura koura depuis une vingtaine d’années, seules la sécurité et la paix pourront ramener définitivement les clients à Kaya. C’est pourquoi il espère également que les nouvelles autorités qui seront élues travailleront dans ce sens. Kaya est le deuxième centre humanitaire du Burkina après Djibo. Plus de 100 000 déplacés, fuyant les attaques des groupes djihadistes et les violences intercommunautaires, ont trouvé refuge dans « la cité du cuir » d’après les chiffres officiels, 400 000 selon la mairie