Au stade régional Arba Diallo de Dori, des déplacés internes semblent être dans un autre pays. Pendant que les bureaux de vote sont animés en ville, eux n’ont pas la tête au scrutin. Beaucoup de jeunes, autour d’un thé, discutent de tout sauf d’élections. Certains n’ont ni carte d’électeurs, ni carte nationale d’identité qu’ils disent avoir perdus dans la fuite pour échapper aux attaques djihadistes.
L’ambiance est morose au stade régional Arba Diallo de Dori. Sur tout le périmètre de l’enceinte sont dressées des tentes qui accueillent des déplacés internes. Autour d’un thé, des jeunes devisent de tout, sauf de ce qui fait l’actualité dans leur pays : les élections couplées présidentielle et législatives. Oumarou Douna, 27 ans, ressortissant de Arbinda, avoue n’avoir pas pu établir sa carte d’électeur, il n’a donc pas voté. « Je n’ai pas voté. Je n’ai pas de carte d’électeur. J’étais sur un site d’orpaillage au moment de l’enrôlement, ça ne me plait pas de voir les gens faire la queue pour voter et moi je ne peux pas », explique-t-il.
C’est le contraire de Safiatou Maïga, 27 ans, également ressortissante de Arbinda. Elle a bien sa carte, mais étant loin de son lieu d’enrôlement, elle n’a pu accomplir son droit civique. « Je n’ai pas voté. J’ai la carte d’électeur, mais je n’ai pas pu voter. Nous sommes allées, on nous a fait comprendre que ce n’est pas ici que nous avons été enrôlées, donc nos noms ne sont pas sur les listes », dit-t-elle l’air triste.
Zina Séïbou, 32 ans de Arbinda et Rasmata Maïga 25 ans de Wérèbolé (Gorom-Gorom) disent avoir perdu toutes leurs pièces, dans leurs fuites des attaques djihadistes. « Au moment de fuir, je n’ai rien pu prendre. Ma carte d’identité et ma carte d’électeur sont restées au village. C’est quand je suis arrivée ici que je me suis rendue compte que je n’avais plus aucun papier », relate Rasmata, mère de 2 enfants.
A Dori, les opérations de vote se sont déroulées relativement bien depuis l’ouverture des bureaux de vote. « J’ai été très heureux de recevoir les comptes rendus des quatre haut-commissaires des quatre provinces qui m’ont assuré que les votes sont en cours dans leurs provinces respectives de la région du Sahel. Il y a de cela deux ou trois mois, personne n’était convaincu que nous allions vivre cette journée. Il n’y a aucun incident. Il y a parfois des petits problèmes de retard dans l’arrivée du matériel ou des représentants de bureaux de vote qui ne sont pas tous là. Mais aucun incident de type violence n’a jusque-là n’a été signalé sur toute l’étendue du territoire du Sahel », déclarait plutôt dans la journée de dimanche le gouverneur de la région du Sahel, Colonel-Major Salfo Kaboré.
Mais dans plusieurs communes de la région du Sahel, les bureaux de vote n’ont pas ouvert à cause de l’insécurité. Entre autres, dans la province du Soum ( Baraboulé, Diguel, Koutoyukou, Nassoumbou, Tongomayel), dans la privince du Yagha (Mansila, Solhan, Tankougougounadié, Titabé).