La Semaine nationale de la Culture (SNC) offre, à travers une rue marchande, la possibilité à des commerçants d’exposer leurs marchandises. Un espace de business ! Mais le marché est morose au siège de la biennale selon des exposants. Quant aux prix des marchandises, ils sont jugés hors de portée par certains visiteurs.
Tout se passe comme si la Semaine nationale de la Culture (SNC) se résumait à la foire, qui se tient au siège de la biennale. Le grand monde à cet endroit confirme cela. Les commerçants qui vendent sur le boulevard qui passe devant la SNC mêlés aux allers-retours des visiteurs. Une foule presque compacte qui s’étend sur des centaines de mètres. Que dire de la longue file à l’entrée ? Pareil spectacle à l’intérieur.
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Comme si tout Bobo avait décidé de se retrouver là! Un vrai marché ! De la musique partout. Difficile d’entendre son voisin immédiat. On visite les stands d’exposition, regarde ce qui s’y vend, on admire, on discute les prix…
Les visiteurs sont en majorité jeunes, avec plus de filles et de femmes que d’hommes ! Certains, des familles entières, mère, enfants et père venus ensemble, repartent les bras chargés de marchandises achetés. A la rue marchande de la SNC, l’on a l’impression que ce qui s’y vend ne se vend pas ailleurs !
Le marché est morose…
Certains exposants sont satisfaits, jusque-là ! C’est le cas de Bintou Sirima qui vend des t-shirts confectionnés et mixés avec des pagnes, des ensembles enfants et adultes et des casquettes: « On ne se plaint pas ! C’est surtout les soirs qu’il y a de l’affluence, même si le premier jour on nous a chassés à 20h. Mais les jours suivants on nous a laissés jusqu’à 22h. on a loué notre stand à 60 000 F CFA+ 5 000 F CFA pour l’assurance ».
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Par contre, Alima Kassamba qui a dans son stand, des thés et des infusions à base de produits issus en majorité du Burkina Faso n’est pas contente du marché : « Il y a de l’affluence, mais pas de marché ». Elle explique que les gens rentrent, tournent et vont manger dans l’espace gastronomique à un pas de là ! Pour une première participation à la SNC, elle avance que certains pensent que c’est lié à la situation sécuritaire du pays, d’autres accusent la hausse des prix. « Nous sommes au 3e jour d’exposition, mais on n’a même pas vendu 50 000 F CFA », a pleurniché la vendeuse d’élixir de bien-être.
Barakissa Dao, venue de Tchériba dans la Boucle du Mouhoun, vend de la poterie. Elle embouche la même trompette : « Le marché n’est pas trop ça. Les gens demandent les prix sans acheter ». Pour sa troisième participation à la SNC, elle estime que « le marché de la dernière édition en 2018 vaut mieux que celui de cette année ».
La Nigérienne, Hassana Alassane, a les mêmes complaintes. Pour son encens emmené du Niger, elle pleurniche : « Cette année, il n’y a pas de marché ! Il y a beaucoup de changement. C’est la crise, mais ça va aller insh’Allah ! ».
A propos des stands
Alima Kassamba se plaint également des conditions de mise à disposition des stands. Elle confie qu’ « avant, quand on louait le stand, on mettait à disposition une table et une chaise. Mais cette année, on loue uniquement le stand, et il faut louer le stand à 65 000 F CFA, la table à 4000 F CFA et une chaise à 750 F CFA. Pourtant on vient d’ailleurs ! Est-ce possible de rentabiliser dans ces conditions ? Les organisateurs doivent revoir ces aspects », dit-elle.
La potière venue de Tchériba décrie aussi un problème de place. « Nous ne pouvons pas prendre les stands, parce que c’est un peu caché. On préfère les espaces verts. Mais les organisateurs ne veulent pas ça », a-t-elle fait savoir, ajoutant qu’elle souhaite que les organisateurs prévoient des espaces verts, même si ce n’est pas en grande quantité. Pour le prix des stands, elle le dit, sans détour : « Les stands sont coûteux ! ».
Des questions d’organisation…
La vendeuse d’infusion, Alima Kassamba, s’est aussi prononcée sur des questions d’organisation. A ce propos, elle souhaite que pour les prochaines fois, l’espace gastronomique soit séparé des stands. « Il y a certains vendeurs de nourriture installés dans la partie réservée aux stands, or il y a un espace dédié à eux. Ça fait que quand les gens rentrent, au lieu de penser à regarder les expositions et autres, les visiteurs préfèrent où il y a la nourriture. C’est mieux de faire un espace exclusivement réservé aux exposants et un autre pour la nourriture», a-t-elle préconisé.
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Sur les mêmes questions d’organisation, la Nigérienne qui vend de l’encens dit avoir remarqué que les gens n’ont pas le courage de rentrer acheter. Elle a formulé le vœu que les organisateurs facilitent l’accès à l’enceinte de l’aire d’exposition.
Des visiteurs pointent le coût exorbitant des marchandises
Des visiteurs, à l’image de Barakissa Dianda trouvent que les prix des marchandises sont hors de portée ! « Quand on dit les prix, je trouve que c’est trop cher. Il y a de l’ambiance, on se détend, mais il est difficile d’acheter des choses », a regretté Barakissa Dianda. Son amie Bénédicte Boulou qui dit être là pour faire des achats et apprécier l’ambiance pense la même chose. « C’est vrai que j’ai aimé l’ambiance, mais malheureusement, j’ai voulu acheter des boucles d’oreilles, j’ai trouvé ça très cher. Des boucles qui coûtent 1000 F CFA, on vend ça ici à 2000 F CFA », a déploré la visiteuse.
Venue avec ses enfants, Fatou Bamogo, elle aussi trouve que les prix des marchandises sont élevés. Comme si Samiratou Traoré, une autre visiteuse, l’avait concertée : « Les marchandises coûtent vraiment chers, mais je ne regrette pas d’être venue », se console-t-elle.
A l’ouverture de la SNC, le président de la délégation spéciale de Bobo-Dioulasso a déclaré que la biennale, à travers la rue marchande, « est une véritable source de revenus pour les populations de la ville », démontrant toute l’importance de cette manifestation pour la deuxième ville du pays.
Boureima Dembélé