Les contrôles visant les taxis qui circulent au gaz butane vont bientôt reprendre selon des responsables de la police municipale. En février 2016, le gouvernement burkinabè avait donné un délai d’un mois aux taximen pour retirer les bonbonnes de gaz de leurs véhicules. Malgré la menace de saisie brandit par le ministère des transports et de la mobilité urbaine, le phénomène persiste.
Koulga Bilgo, la trentaine révolu, est plus que décidé. Dans les jours à venir, il compte passer du gasoil au gaz comme source d’énergie pour son taxi. « Je n’en peux plus. Avec une bouteille de gaz de 5000 FCFA, tu peux conduire pendant deux jours et faire des bénéfices pourtant avec un gasoil de 10 0000 FCFA, tu n’as même pas une journée de travail, alors que ça ne marche plus. On a plus de clients », se plaint le jeune taximan, stationné depuis 1heure à la gare routière de Ouagadougou, à la recherche de clients. « Depuis le matin je n’ai eu qu’une seule cliente que j’ai conduit du grand marché à la gare pour seulement 300F CFA. Il est déjà midi », poursuit-il.
Le phénomène des taxis à gaz a la peau dure à Ouagadougou et dans d’autres grandes villes du pays. L’autorité a tenté de sévir, jusque-là sans résultats probants. Un délai avait même été donné aux acteurs il y a quelques années (Ndlr, fin mars 2016).
Rasmané Guigma, également conducteur de taxis, dit s’être résout à acheter un nouveau véhicule pour éviter les désagréments avec la police. « J’en avais assez des contrôles de la police. J’ai donc vendu ma Renault Megan pour acheter une Mercedes avec lequel on ne peut utiliser le gaz. Il faut obligatoirement du gasoil. Mais le gaz n’est pas mauvais en soi. L’Etat doit juste être très regardant sur le contrôle au niveau du CCVA (Ndlr, Centre de contrôle des véhicules automobiles) », propose Rasmané Guigma.
Issouf Tiemtoré, lui, ne compte pas changer le moyen d’alimentation de son taxi malgré l’interdiction. « Ça fait 10 ans que je roule avec le gaz », explique-t-il. Dans le coffre de son taxi vétuste, l’on peut apercevoir deux bonbonnes de gaz. Issouf est bien conscient des risques. D’ailleurs il dit s’inquiéter chaque fois quand il démarre le moteur du taxi. « Roulez avec le gaz n’est pas une mauvaise chose. En Europe il y a des véhicules à gaz et des stations à gaz. Ce qui n’est pas le cas dans notre pays ou avec la forte température, le moteur se chauffe. Ce qui peut entrainer des dégâts », explique Issouf Tiemtoré.
Dans la soirée du vendredi 27 novembre 2020, un mini car transportant des passagers et des marchandises dont des bonbonnes de gaz a explosé à la sortie Ouest de la capitale. Le drame a fait 6 morts et plus d’une dizaine de blessés. Une rencontre a eu lieu ce lundi 30 novembre à la mairie de Ouagadougou. Selon le directeur de la communication de la police municipale, Adama Pamtaba, les contrôles reprendront « très bientôt ».