2020, une année d’épreuves pour les acteurs de la santé, mais aussi une occasion qui renvoie au monde entier, la place qu’il a accorde au système de soins selon Arouna Louré. Le médecin anesthésiste-réanimateur dénonce la mauvaise organisation, mais aussi du manque d’une « véritable » orientation de la politique sanitaire au Burkina Faso.
Le médecin anesthésiste-réanimateur Arouna porte un jugement sans appel sur la gestion de la Covid 19 au Burkina en cette année. « C’est catastrophique », déclare-il. Et la raison de ce constat selon lui est que « nous avons été champion dans le mensonge. Nous avons refusé de mettre les bonnes personnes aux bons endroits ». La réflexion n’a également pas été posée sur un problème de santé que pouvait constituer cette maladie au départ de l’avis de Louré. « Le système de santé, notamment les soins, les hôpitaux, ça ne marche pas parce que jusqu’à présent, nous n’avons pas réfléchi et décidé de dire, voilà ce que nous voulons exactement comme système de soins », affirme le médecin. Pour lui donc, « l’hôpital burkinabè» n’existe pas.
« A quelque chose malheur est bon », se réjouit Arouna Louré car avec la pandémie et la fermeture des frontières, les plus nantis qui étaient évacués au moindre mal ont tous fréquenté les hôpitaux au Burkina. Mais la prise de conscience n’a pas été suivi de grandes actions d’après Louré car « on n’a pas de mémoire et c’est ça le gros problème de l’humain en général. Une fois que le problème est passé, on oublie ce qui s’est passé. Si nous n’écrivons pas nos mémoires de la maladie à Coronavirus, je vous assure que 5 ans ou même dans une année, on aura les mêmes problèmes et on sera toujours en dépit ». Il en veut pour preuve la deuxième vague qui s’annonce et évoque un tâtonnement.
Malgré leur dévouement dans la lutte contre le coronavirus, les conditions de vie et de travail des agents de la santé n’ont pas changé, regrette le docteur Louré. « Prenons l’exemple simple des décorations, on a vu combien d’agents de santé décorés particulièrement ? Non », lance-t-il. Toutefois le corona virus a mis en scelle les médecins anesthésistes-réanimateurs qui étaient très peu connus, moins nombreux et également sous employés d’après Louré. « Avant vraiment le coronavirus, certains savaient que les anesthésistes existaient parce qu’en 2019, on a quelques crises avec les attachés de santé. Cela a mis la lumière sur les anesthésistes, mais le volet réanimation, il a fallu le coronavirus pour qu’on sache qu’on en forme davantage et équipé les hôpitaux ». A l’échelle du pays il y’a autour de 50 médecins anesthésistes-réanimateurs nous informe-t-il.
Connu pour ses prises de position sur les réseaux sociaux, Arouna Louré est membre est d’un syndicat de médecin. Mais il dit assumer ses positions tranchées. « Les positions que je prends, permettent aux syndicats et à certaines dans les négociations, de pouvoir mieux négocier et mieux trancher. Une seule personne peut lever le lièvre, mais c’est tout le monde qui le pourchasse ».