Au jardin de l’Amicale des forestiers au Burkina Faso (AMIFOB) situé au quartier Tampouy dans la capitale Ouagalaise, près d’une trentaine de femmes âgées de 47 à 70 ans s’adonnent sans relâche à la culture de contre-saison. Laitues, choux, tomates, feuilles d’oseille sont entre autres légumes qu’elles cultivent et dont la vente leur permet de subvenir à leurs besoins.
Arrosoirs en mains, des femmes âgées, dans une ambiance bon enfant, s’activent à donner un visage plus frais à leurs productions. Chaque matin, chacune essaie autant que possible de prendre soins de sa portion de terre. Laitues bien vertes par ci, choux, céleri, persil, feuilles d’aubergine locale et feuille de patates par-là, accueillent les clients qui viennent s’approvisionner.
Chaque matin à partir de 8h, les productrices commencent l’entretien des légumes à travers l’arrosage et la mise des engrais. « Je quitte la maison autour de 7h 30 pour être au jardin. Une fois sur place, je passe à la vérification des légumes et après cela, j’attends les clients jusqu’à 17h. Dès qu’une planche est libérée il faut encore semer », explique Rakieta Ouédraogo âgée de 70 ans.
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Elle pratique le maraîchage depuis 36 ans. Cette activité est sa seule source de revenus pour subvenir aux besoins de sa famille. « J’ai commencé cette activité quand mon dernier enfant avait 6 mois, il a maintenant 36 ans. On était à peine une dizaine de femmes à faire la production de légumes quand je commençais », explique-t-elle.
L’idée de la production de légumes est née suite à un projet de plantation d’arbres initié par l’AMIFOB. « Au départ, je produisais des plantes telles que le nimier, le tamarinier pour lutter contre la déforestation. C’est pendant ces productions d’arbres pour le projet qu’avec les autres, nous avons voulu innover et faire une expérience en nous lançant dans le maraichage. Cela a été très vite un succès et depuis lors, on a continué jusqu’à présent malgré nos âges avancés », fait-elle savoir.
Une activité lucrative pour ses femmes.
Cette activité représente l’unique source de revenus pour ces femmes. Aminata Sawadogo, la soixantaine pratique la pratique depuis une génération. Elle a pu scolariser ses enfants qui sont aujourd’hui à l’université.
« Dès le mois de décembre, nous commençons la plantation de la laitue car la demande est forte par rapport aux autres légumes. Mais actuellement, avec la période de chaleur, la planche de la laitue coûte 10.000f et peut aller à 15000f selon la variété demandée par le client », dit-elle.
L’accès à l’eau un frein à la production
L’accès à l’eau reste la principale difficulté pour ces femmes dans la réussite de leur activité. Plus de 150 bidons sont à remplir par jour pour entretenir les productions. « Le plus gros boulot c’est le remplissage des bidons. Cela nous épuise et le fait de toujours s’abaisser pour le faire on a souvent des maux de dos surtout avec l’âge. Si on a un forage cela rendra les choses plus facile », soutient Neimatou Compaoré. Elles sont près d’une trentaine sur le site et chacune a besoin d’au moins 10 bidons de 20 litres pour ses cultures.
Quid de la commercialisation et de l’écoulement des produits ? C’est avec satisfaction et joie que Neimatou répond. « Nous n’avons aucun souci pour la vente. Au contraire, ça ne suffit même pas. Les gens adorent payer ce qui est cultivé ici dans le jardin », témoigne-t-elle. Et c’est aussi toute heureuse que Cécile Traoré/Ki confirme. « Je ne paye mes légumes qu’ici. Je fais l’apprivoisement pour une semaine, voire deux », dit-elle.
Studio Yafa avec MoussoNews