A la date du 12 janvier 2021, 6028 personnes ont été déclarées guéries de la Covid-19 au Burkina Faso, depuis l’apparition des premiers cas en début mars 2020. Certains rescapés de la pandémie disent vivre la stigmatisation au quotidien. C’est le cas de Walma Yo, infirmier d’Etat à Bobo-Dioulasso.
Walma Yo, infirmier d’Etat a passé six jours dans le coma après avoir été déclaré positif à la Covid-19. A son réveil, il ne reconnaissait plus ses proches et visiteurs. « C’était vraiment grave et ça n’a pas été facile pour moi. Les médecins réanimateurs ont véritablement travaillé », se rappelle-t-il. Depuis sa guérison, Walma ne se sépare plus de son cache-nez.
Il évite désormais tout contact physique avec ses visiteurs et n’hésite pas à prendre ses distances en cas de non-respect du port de masque. Les premiers moments après la guérison n’ont toutefois pas été faciles pour l’ancien patient. Walma Yo ou « Yo le grand frère » comme ses amis l’appellent, n’était plus le bienvenu partout. « Quand je suis allé dans mon grin, les gens avaient peur de moi. En tout cas peu de gens sont venus me voir. Même les collègues, certains se réservaient de venir », dit-il.
Pour preuve, poursuit-il : « Il y’a quelqu’un que je connais très bien souvent même quand il a des parents qui sont malades, on se donnait rendez-vous à l’hôpital. Mais ce jour-là, quand il est venu ici, il a refusé de s’asseoir. Il a dit qu’il allait revenir. Moi-même j’ai rendu visite à un qui était malade mais quand je suis tombé malade, il n’est pas venu, il ne m’a pas soutenu » regrette-t-il.
Walam Yo met cette stigmatisation sur le compte de l’ignorance. « Ceux qui ont mis du temps avant de venir se sont rachetés en venant me saluer les bras chargés d’eau minérale et de jus. Mais j’ai compris que c’est la peur de contracter la maladie parce que beaucoup ignorent les modes de contamination », fait-il savoir. Contrairement à ceux qui l’ont abandonné pendant ses moments difficiles, Yo a bénéficié du soutien de sa femme et sa fille. « Personne ne l’a rejeté. On a beaucoup prié pour lui. Ce n’est pas parce qu’il est dans cette situation que je vais l’abandonner, ça jamais. C’est pour le meilleur et pour le pire » témoigne son épouse.
Walma Yo retrouve progressivement ses habitudes à Bobo Dioulasso sa ville de résidence. Chaque soir au grin de thé, il échange avec ses amis et n’hésite pas à les sensibiliser sur les mesures de protection contre la covid-19.