De nombreux enfants en conflit avec la loi passent la majeure partie de leur adolescence dans les cellules. Certains d’entre eux ont des difficultés à se réinsérer dans la société, d’autres se radicalisent et deviennent des dangers pour la société. A la Maison d’arrêt et de correction de Bobo, des initiatives sont prises pour accompagner ces mineurs. Une vingtaine d’entre eux ont été initiés à la danse, la peinture et au maniement des instruments de musique.
Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso. Un groupe de jeunes détenus mineurs jouent divers instruments : la batterie, la guitare, le piano entre autres. Au milieu de la piste, Solomanie, nom d’emprunt, un enfant mineur chante et danse avec entrain. Grâce à l’association Sitala, le jeune homme est initié pendant un mois aux différents techniques artistiques. C’est tout ému que l’adolescent descend de la piste.
« Sincèrement dit, on a appris beaucoup de chose. Parce qu’il y a la danse, il y a le théâtre, il y a l’art plastique et puis la musique. Moi j’ai appris à danser et ça me plait beaucoup!», explique Solomanie. Après cette expérience, il sait désormais ce qu’il veut faire une fois sorti de prison : « Et puis si je sors ici c’est un projet aussi je peux continuer de danser, ça peut améliorer ma vie. Il y a des gens qui ont pensé à nous, je les remercie beaucoup ».
Changer les mentalités
Le pari que s’est fixé l’association Sitala est d’initier ces détenus mineurs aux différents métiers et activités culturels. L’objectif est d’aider les jeunes à croire en leurs capacités d’abord. Ensuite, il s’agit de les aider à se sentir utiles.
Après plus de 22 ans de service pénitentiaire, Daouda Traoré est chargé des activités socio-culturelles de la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso. A ce titre, il a suivi avec attention la formation des jeunes. Il est convaincu que cette initiative aux activités culturelles va favoriser leur réinsertion sociale. « Lorsque ces jeunes sortiront avec un bagage en théâtre, en danse et en musique, ça va leur permettre de vivre de leur art et abandonner la délinquance. Ça va quand même changer quelque chose dans la manière de voir de ces mineurs, qui se sentent maintenant considérés et qui se sentiront utiles. Ce projet permettra à certains jeunes en tout cas de laisser la délinquance de côté et ne plus revenir ici parce qu’il faut le dire hein, la Maison d’arrêt et de correction de Bobo est à 75% plein de récidivistes », assure Daouda Traoré. Selon lui, ce qu’ils ont appris peut les aider à vivre de cet art et « abandonner la délinquance ».
Une initiative pour apaiser les cœurs
Pour le président de l’association Sitala, Mamadou Coulibaly, une telle démarche contribue à la prise en charge psychosociale des détenus mineurs. « C’est un projet psycho-social où nous, nous arrivons à déterminer ça comme une petite branche du projet éducation par la culture. Parce que nous avons compris que notre culture, notre art peut éduquer, peut transformer et peut sensibiliser. Nous avons pensé ce projet-là à l’endroit de ces jeunes détenus en ces moments compliqués et d’insécurité. Ça peut contribuer à apaiser le cœur de ceux qui sont aigris », détaille-t-il.
Il estime que la « prison est un endroit spécial où à tout moment, au mauvais moment, au mauvais endroit tu peux te retrouver. Donc c’est pour aider ces jeunes-là à leur réinsertion », insiste Mamadou Coulibaly. Quatre détenus, sur une vingtaine d’apprenants, ont pu enregistrer un titre chacun et recevront leur carte du Bureau burkinabè des droits d’auteur (BBDA).
Abdoulaye Ouattara
Correspondant