L’augmentation du nombre de cas de contamination à la Covid-19 au Burkina Faso est inquiétante selon les invités de Ya Débat de cette semaine. A la date du 11 janvier, le pays enregistre près de 9000 cas avec 97 décès et près de 2000 cas actifs. Va-t-on vers une remise à jour des mesures restrictives des libertés ? Le vaccin annoncé est-il la solution ? Les invités du débat hebdomadaire sans langue de bois, posent le débat.
Les chiffres du coronavirus s’affolent de jour en jour au Burkina Faso. Une situation inquiétante selon le Dr Moumini Niaoné, spécialiste en santé communautaire et comportementale, ce d’autant plus que la tendance était à la baisse entre temps. « A un moment donné on croyait que la situation était sous contrôle », avance-t-il. Son inquiétude est partagée par Théodore Nabonswendé Zongo, attaché de santé en Epidémiologie et responsable suivi des contacts au Centre des opérations de réponses aux urgences sanitaires (CORUS). « Plus les chiffres sont élevés, plus les cas graves qui ont besoin d’assistance respiratoire, de soins intensifs sont énormes et c’est ce que nous craignons», explique l’attaché de santé.
Invitée du débat, Pélagie Coulibaly est une patiente guérie de la Covid-19. Même si la jeune agente commerciale en imprimerie reconnait qu’il y a de quoi s’inquiéter au regard des chiffres, elle ne semble pas d’accord avec les deux autres invités. Partageant son expérience de malade infectée, elle regrette la mauvaise qualité de la prise en charge dont elle a été victime, de la négligence dans le dépistage et la détection d’éventuels cas contacts.
Au regard de l’envolée des chiffres, des mesures restrictives de libertés sont-elles à envisager ? lance l’animateur du débat au responsable suivi des contacts au CORUS. Absolument, répond Nabonswendé Zongo pour qui, si la situation va en s’aggravant, il est possible que l’autorité prenne des décisions pour préserver les Burkinabè.
« Le vaccin n’est pas la panacée »
Le spécialiste en santé communautaire quant à lui prévient. Cette mesure ne sera pas aussi simple. « (…) les communautés sont révoltées. Vous êtes dans un pays où les gens vivent au jour le jour, où la vulnérabilité est importante», projette-t-il. Dr Niaoné ajoute que tout dépendra de la prise de conscience des communautés. Il faut qu’elles comprennent que nous sommes en train d’aller vers une situation chaotique, martèle-t-il. Le modérateur du débat retourne la question à l’ancienne patiente de la Covid-19, Pélagie Coulibaly. Est-elle prête à se ré-confiner si la situation l’exige? Elle n’attend pas la fin de la question pour répondre. « Pas du tout. La majorité des Burkinabè, nous autres, vivons au jour le jour, alors qu’on ne voit pas l’Etat prendre en charge quelqu’un face à cette maladie (…) je n’ai pas confiance en l’Etat. Pas du tout. Ni en l’Etat, ni au CORUS», enrage Pélagie.
Autre sujet débattu par les invités, l’éventuelle arrivée du vaccin anti-Covid au Burkina. Le processus est enclenché, informe Nabonswendé Zongo du CORUS. Il ne faudra pas compter sur Pélagie Coulibaly pour recevoir le vaccin. La jeune dame se veut très méfiante. « Si le vaccin va venir, je suggère que les membres du gouvernement se fassent vacciner d’abord, après les agents de santé. Si eux ils vont bien, nous allons suivre », tranche-t-elle.
Sa réaction fait sourire Nabonswendé qui dit ne pas être surpris. Partout ailleurs, la méfiance vis-à-vis du vaccin est une réalité, mais les populations finissent toujours par se faire vacciner. Dr Niaoné lui suggère aux autorités de ne pas attendre l’arrivée du vaccin pour commencer la sensibilisation. Pour lui, la sensibilisation doit commencer maintenant. Mais le spécialiste en santé communautaire prévient : le vaccin n’est pas une panacée tant que les comportements ne changent pas.
L’intégralité du débat est à suivre ce samedi 16 janvier à partir de 10h sur le réseau de nos radios partenaires.