Le Burkina Faso est l’un des premiers pays de la sous-région ouest africaine à réaliser une chirurgie à cœur ouvert. Cinq adolescentes ont déjà bénéficié de cet exploit réalisé au Centre hospitalier universitaire de Tengandogo à Ouagadougou. Au bout du processus, des malades qui recouvrent la santé, mais aussi des jeunes médecins fiers d’écrire une page de l’histoire de leur pays.
Zalissa Nacro, 15 ans, élève en classe de 3e a bonne mine ce 14 janvier, 72 heures après avoir été opérée du cœur. Sur son lit d’hospitalisation à l’hôpital Tengandogo, elle manipule sereinement son téléphone portable. Le pansement toujours sur la poitrine, elle poursuit ainsi sa convalescence. « Je suis très contente d’être sortie du bloc et désormais guérie de cette maladie », dit-elle toute heureuse. L’élève en classe de 3e à Léo, localité située à 159 kilomètres de la capitale burkinabè craignait que son cœur ne lâche à tout moment. « On me disait que tant que je ne fais pas l’intervention, je pouvais mourir d’une crise cardiaque », raconte Zalissa qui se rappelle qu’elle traînait son mal depuis l’âge de 3 ans.
A l’école, la jeune fille ne pouvait plus faire d’épreuves sportives, encore moins suivre normalement ses cours. « J’étais souvent obligée d’abandonner les cours pour rentrer à la maison tellement j’avais mal », se rappelle-t-elle. Une page douloureuse de sa vie se tourne progressivement pour elle qui rêve d’être journaliste. Batouré Samiratou, 14 ans, elle attendait d’entrer dans le bloc opératoire. « J’ai peur. On dit que les gens peuvent mourir pendant l’intervention », dit-elle d’une voix triste. « Tout va bien se passer », essayons-nous de la rassurer. Sous le hall du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tengandogo, plusieurs parents attendent patiemment le tour de leurs enfants.
De jeunes médecins fiers
La chirurgie à cœur ouvert à Ouagadougou, un rêve longtemps caressé par Adama Sawadogo, chirurgien cardio-vasculaire et qui se réalise. « J’ai passé toute ma vie à rêver de ces jours au Burkina Faso. J’ai parcouru les cinq continents à la recherche de ce savoir », explique fièrement le jeune médecin. Plusieurs fois reportée depuis 2019, la mission a pu enfin se tenir en ce début d’année 2021. C’est un ouf de soulagement pour Dr Sawadogo. « Sans être orgueilleux, je suis rempli d’extase d’avoir pu réaliser ce projet qui était aussi cher à l’hôpital Tengandogo», relate-t-il.
Fatimata Konombo, attachée de santé en chirurgie est aussi émue. Ciseaux et autres matériels de chirurgie en main, la jeune dame se rend disponibles aux sollicitations de l’équipe d’intervention. « Je suis particulièrement très contente et fière de participer à cette opération. Quand on sauve des vies, on ne peut expliquer le sentiment qui nous anime », s’émerveille l’attachée de Santé.
Pour cette première mission de chirurgie à cœur ouvert, Adama Sawadogo et son équipe s’étaient fixé un objectif de dix patients à opérer. L’insuffisance de matériel notamment les boites de chirurgie et les capacités de la réanimation cardiaque limitée à quatre lits, n’ont pas permis d’atteindre l’objectif initial.
La 2e mission de la chirurgie à cœur ouvert est prévue pour le mois de mars. « On pouvait rebeloter en février mais quand on a fait le point, il faut au moins un mois et demi pour l’achat des consommables qui manquent. Ceux qui ne sont pas passés cette fois-ci seront prioritaires », rassure le chirurgien. Plus de 2800 enfants sont en attente de ce prochain rendez-vous médical.