Au Burkina Faso, l’utilisation des marmites en aluminium de fabrication locale relève du passé pour de nombreuses jeunes filles. Si certaines disent, au moins, disposer d’une de ces marmites quitte à l’utiliser rarement , d’autres par contre ont totalement opté pour les casseroles ou autres ustensiles importés.
Maya Coulibaly, 32 ans ne cuisine qu’avec les casseroles importées. Elle les préfère aux marmites de fabrication locale qui ne sont plus pratiques selon elle. « La marmite est lourde, alors que les casseroles sont légères. La cuisson est donc un peu plus rapide », dit-elle, embarrassée. De plus, poursuit Maya : « Je trouve que ceux qui fabriquent les marmites n’innovent pas. Ils doivent suivre l’évolution et adapter les marmites au goût de la nouvelle génération de femmes qui n’utilisent plus le bois de chauffe mais plutôt le gaz pour la cuisine ».
Mariée depuis près de 10 ans, Doriane Ouédraogo n’utilise, elle aussi, que les casseroles importées pour sa cuisine. Plus pratiques et rapides pour la cuisson, ces ustensiles permettent également d’économiser de l’énergie, poursuit la jeune dame. Elle reconnait, avec un pincement au cœur qu’elle tourne progressivement dos aux marmites avec lesquelles elle a appris à faire la cuisine. Mais, elle s’en explique : « La marmite n’est souvent très utile que pour faire le tô. Avec nos gazinières là, il faut des ustensiles adaptés. Puisqu’on a plus besoin de foyer pour le tô ».
Pour Aguiratou Zerbo, jeune nouvellement mariée, la modernité ne doit pas détourner les jeunes filles de certaines habitudes de la culture africaine comme l’utilisation des marmites. « J’ai tenu à avoir au moins deux marmites dans mes affaires. Et le tô, je ne le fais que dans la marmite, jamais dans une casserole », témoigne-t-telle.
Vers une disparition des marmites ?
Mariam Kaboré, sexagénaire, vendeuse d’ustensiles de cuisine, craint la disparition totale des marmites en aluminium de fabrication locale dans les foyers. Elle dit vendre plus de casseroles que de marmites. « Les jeunes filles n’aiment plus les marmites. Celles qui viennent en acheter ne prennent qu’une ou deux. Elles raffolent plus des casseroles. En tout cas, à cette allure-là, je crains qu’on aille vers la disparition totale des marmites », s’inquiète Mariam Kaboré.
Dans son atelier de fabrication de marmites dans le quartier Zogona de Ouagadougou, Amidou Kouanda s’attèle à établir des factures pour des commandes de marmites, ce 20 janvier 2021. Sa clientèle est essentiellement de l’ancienne génération. « Nous avons plusieurs types de clientes mais la grande majorité sont les femmes âgées. Ce sont généralement les mamans qui viennent acheter lorsque leurs filles doivent se marier », informe le jeune homme. Le peu d’engouement des jeunes filles pour les marmites, Amidou en a aussi constaté. « La grande majorité des citadines cuisinent sur les gazinières. Le fond de la marmite est un peu profond si fait qu’elle peut balancer sur le gaz alors que la casserole a un fond plat », explique-t-il.
Amidou et son équipe tentent d’apporter des innovations dans la fabrication des marmites pour s’adapter aux gazinières modernes. Il invite toutefois les jeunes filles à ne pas tourner dos aux ustensiles locaux de cuisine au profit de ceux importés.