Des jeunes filles veulent faire mieux que leurs aînées en politique. Elles ne veulent plus que le harcèlement sexuel, les préjugés et autres pesanteurs aient raison de leur engagement. Pour ce faire, certaines se forment pour dompter les difficultés et réussir dans ce milieu jugé trop masculin. « Je n’ai plus peur. Je compte même me positionner pour les municipales de mai 2021 », projette Charifatou Kaboré, 25 ans à l’issue d’une formation sur le leadership politique pour jeunes filles organisée à Ouagadougou.
Audrey Sanou, 23 ans n’entend plus abandonner ses ambitions politiques. La peur du harcèlement sexuel et des clichés négatifs sur les femmes engagées en politique ne seront plus un frein à son engagement. « J’ai toujours aimé faire la politique, mais je n’osais pas parce que de dehors, ce qu’on entend sur les femmes fait peur. On dit d’elles, des femmes légères, des femmes incompétentes, etc., », commente-t-elle. Si des femmes doivent subir ces préjugés et autres accusations sans fondement, qu’en sera-t-il pour les jeunes filles? Une question qui a longtemps taraudé l’esprit d’Audrey.
Bénéficiaire d’une formation en leadership politique pour jeunes femmes, Audrey pense déjà adhérer à un parti politique. « Je n’ai pas encore fait le choix d’un parti politique, mais ce que j’ai appris pendant trois jours me réconforte », se réjouit-elle.
Charifatou Kaboré, 24 ans, déjà militante d’un parti politique, dit avoir compris que le harcèlement sexuel et autres idées reçues ne viennent pas toujours des hommes. « Beaucoup pensent que le harcèlement sexuel est parfois l’appanage des hommes mais il y a aussi les femmes qui le font. Lors des rencontres politiques, une tante peut par exemple te taper les fesses, disant que tu es en forme et elle veut donc savoir quel homme entretient une telle rondeur », témoigne-t-elle. Des gestes parfois anodins mais qui s’apparentent à du harcèlement sexuel et moral, déplore la jeune fille. « Si cela peut être compris par certaines femmes, pour une fille qui n’est pas forte moralement, il n’est pas évident qu’elle revienne à une prochaine rencontre politique », explique-t-elle. Tout compte fait, la jeune fille dit n’avoir plus peur et se prépare pour les prochaines élections municipales.
Les textes nationaux et internationaux qui protègent les droits des femmes n’ont plus de secret pour Angeline Savadogo, 24 ans, étudiante en communication, diplomatie et relations internationales. « Je n’ai vraiment plus peur. Je suis bien outillée pour affronter le terrain politique », clame la jeune fille qui avoue qu’il y a encore quelques temps, la peur avait eu raison de sa volonté de s’engager.
Elle entend davantage se former en attendant 2025 pour prendre part aux élections législatives.
L’audace, la détermination, la formation… sont entre autres les qualités enseignées à ces jeunes filles par Mamata Tiendrébéogo, ancienne députée à l’Assemblée nationale
« En tant que jeune fille, c’est encore plus difficile de s’engager en politique. Même avec l’audace et la détermination, il faut avoir des compétences pour se faire une place en politique », ajoute Mamata Tiendrébéogo.
Une première au Burkina, la formation sur le leadership politique pour jeunes femmes a été initiée par une organisation sous régionale ouest africaine.
Une vingtaine de jeunes filles y ont pris part.
A l’issue des élections législatives du 22 novembre 2020, seulement 9 femmes ont été élues députées à l’assemblée nationale qui compte 127 sièges. La plus jeune avait 44 ans.