La Jaguar, jeune humoriste burkinabè, a une saine horreur de l’insalubrité qui pollue les villes et campagnes de son pays. Il veut voir son environnement propre. Au delà de son art utilisé pour sensibiliser, il consacre son énergie et ses ressources à son combat. Il se fait appeler vagabond pour l’assainissement. Wendyam Sévérin Yaméogo, alias La Jaguar entend étendre son combat à toute l’Afrique. Il y croît fermement et se donne les moyens pour y arriver.
57 milliards de FCFA. C’est le coût du projet – vagabond de l’assainissement- que porte la Jaguar, jeune humoriste burkinabè de 28 ans. « J’ai déjà le montant, en tout cas, dans ma tête, j’ai déjà ces sous. J’attends juste de le voir en liquidé », avance la Jaguar avec foi et conviction. Distingué par des prix et décorations au plan national pour ses efforts dans l’hygiène et l’assainissement, le jeune étudiant en communication d’entreprise est en tournée pour présenter ses trophées à son public et ses partenaires. « Je ne l’ai vraiment pas choisi. Je pense que c’est Dieu qui m’a guidé vers. Quand j’écrivais le projet, je ne pensais pas avoir ne serait-ce que 25F pour le financier. Mais Dieu m’a orienté », témoigne-t-il ce jeudi 28 janvier à Ouagadougou.
En 2017 alors qu’il donnait son premier spectacle à l’université de Koudougou, la Jaguar murit l’idée d’affecter une partie de son cachet à l’achat de matériel d’assainissement au profit de ladite université. Ce geste devient alors récurent pour le jeune artiste. A chaque spectacle, un montant est prélevé de ses droits d’auteurs pour financer le projet – vagabond de l’assainissement-.
Au bout de quatre ans, la Jaguar dit avoir économisé près de 12 millions de FCFA. Une somme importante qui lui a permis de confectionner des poubelles, des lave-mains, d’acheter des balais, et de les offrir gracieusement à des centres de santé, des médias, des institutions publics, etc. « Il faut toujours être dans un environnement propre et sain. Cela est même dit dans les écritures saintes- le Bible et le Coran recommandent la propreté », commente-t-il. Pourtant, personne ne croyait en cette initiative tant l’hygiène et l’assainissement ne sont pas des préoccupations pour certaines personnes. « Quand je commençais, personne ne croyait au projet jusqu’à ce que le coronavirus survienne. Aux premières heures de la pandémie, nous avons enregistrés tellement de demandes de poubelles », relate-t-il.
Au-delà de l’assainissement, l’incitation des jeunes à l’entreprenariat
Le projet – Vagabond de l’assainissement- vise la création de 32 000 emplois. En plus des dons de matériels, il est prévu la création d’une usine de recyclage des déchets, de la production d’engrais et du gaz, la mise en place d’une brigade verte, la commercialisation du matériels (seau, balai, brouette, etc.). En somme, c’est une chaine d’hygiène et l’assainissement que Jaguar veut installer du Burkina et partant sur toute l’Afrique. « Je voudrais que les déchets devienne de l’or. C’est cette politique que je mettrai en place », dit-il avec ambition.
Ce projet, poursuit-il, vise à notamment sensibiliser et inciter les jeunes à l’entreprenariat sur fonds propre. Sans attendre un soutien financier quelconque. Car dit-il : « quel que soit la beauté de ton projet, si tu ne commences pas à t’investir la dedans, personne ne t’aidera. Nous les jeunes, nous sommes pressés et nous voulons souvent tendre la main. Il faut que cette mentalité change. Il faut d’abord se sacrifier soi-même, d’où mes économies sur mes droits d’auteurs ».
Thomas Sankara, Paul Kagamé, et peut-être la Jaguar
Pour l’étudiant en Communication d’Entreprise, tout est possible quand on y croit. Si Sankara, rappelle-t-il, a pu changer le Burkina Faso en quatre ans et Paul Kagamé au Rwanda,« Pourquoi moi, la Jaguar, je ne pourrais pas à assainir toutes les villes de l’Afrique ». Loin d’être du marketing selon l’artiste, Wendyam Cévérin Yaméogo estime qu’un artiste ne doit pas se limiter qu’à ses prestations, mais penser aussi à poser des actions communautaires pérennes.
567 jeunes volontaires ‘’vagabonds’’ accompagnent la Jaguar sur ce projet. L’artiste invite les populations à adhérer à toute politique d’assainissement. « Chacun doit véritablement y mettre du sien » insiste-t-il. A l’Etat, le jeune passionné de l’assainissement suggère un accompagnement aux initiatives des jeunes.