La gemmologie, connaissez-vous ? Eh bien, c’est la science qui traite des matériaux de pierres précieuses naturelles ou artificielles. Les praticiens sont appelés des gemmologues. Aguerris, fins, discrets après des formations pointues, ils sont capables de détecter le vrai du faux du diamant, de l’or, du saphir, de l’émeraude, du rubis… Une expertise inexplorée au Burkina Faso. Seule JO, jeune dame, s’aventure dans ce domaine plein de risques et réservé à une élite sociale.
Déterminer la qualité des pierres, évaluer l’intensité des couleurs, leurs puretés, mesurer leurs tailles : c’est le quotidien assidu de JO (pour des raisons de sécurité, nous taisons son nom). Pourtant à l’intérieur de son atelier dans un quartier de la capitale burkinabè, seulement quelques tableaux sont accrochés aux murs. Le matériel de travail d’expertise et de dosage des pierres précieuses n’est pas à portée de vue. « Je préfère être très réservée et discrète», avance JO, prudemment.
Sa voix est hésitante. « J’évite de parler de mon métier et de comment je travaille (…) Il y a tellement de gens qui sont animés de mauvaises intentions. Pour peu, on peut t’agresser et te dépouiller », explique la jeune dame. La discrétion est donc qualité précieuse pour la gemmologue.
Pionnière
Les bijoux, c’est un rêve d’enfance qui rattrape JO. Une passion entretenue depuis des lustres avant qu’elle décide d’en faire son métier. « J’ai toujours adorée les bijoux », dit-elle. Après ses études en Banque et finances, elle travaille dans le domaine des Bâtiments et travaux publics (BTP). Mais l’appel des bijoux se fait pressant. Elle finit par rendre le tablier. La décision est prise d’entreprendre dans la commercialisation des bijoux en 2013. JO lance ‘’Afrique Bijoux’’. Mais la jeune femme veut imprimer sa marque en se démarquant de ce qui est proposé sur le marché.
Elle toque à la porte de la gemmologie. « En 2018, je suis allée me former en gemmologie à Anvers en Belgique. Anvers est la capitale mondiale du marché des pierres précieuses », dit-elle. Une formation à coût du millions de FCA ! « Si je devais écouter les gens, je n’allais pas pouvoir faire cette formation tant le coût est énorme. Quand tu veux te démarquer du lot, il faut y mettre le prix en faisant quelque chose d’extraordinaire. J’ai étudié particulièrement le diamant », explique la première gemmologue du Burkina Faso.
La pratique quotidienne fortifie la jeune gemmologue qui avec son œil de Lynx est capable de détecter le vrai du faux. « Je ne peux pas dire que je maitrise tout mais quand je regarde une pierre, je sais de quelle qualité elle est, je fais des calculs et je peux détecter le faux du vrai », dit-elle. C’est un métier qui nécessite une grande attention au risque d’homologuer du faux, même avec un appareil.
Risque ambiant
Le métier de gemmologue est risqué tant au Burkina que partout dans le monde. Les cambriolages et les braquages sont légion, d’où la nécessité de cultiver la discrétion. « Il faut beaucoup de prudences et de sécurité », conseille la jeune dame. Quant à la collaboration avec les bijoutiers locaux, elle est empreinte de collaboration rassure-t-elle. « Nous travaillons quotidiennement ensemble. Je certifie très souvent les bijoux qu’ils vendent et je leur passe des commandes. Les bijoutiers sollicitent mes services en matière de placage de bijoux et l’expertise de diamant », poursuit-elle. Le métier est certes risqué mais nourrit son homme. JO est quotidiennement sollicité par sa clientèle aussi bien au Burkina que dans la région ouest africaine.