Connaissez-vous le couvre-feu parental? Une réalité lointaine pour certains. Quand ils vivaient encore sous le toit familial, les heures limites d’entrée et de sortie du domicile étaient strictes. Des périodes inoubliables pour beaucoup devenus des adultes.
Restauratrice et jeune maman, Mariam se rappelle encore de ces moments sous le toit de ses parents. Alors lycienne à l’époque, elle se devait d’être présente à la maison au plus tard à 18h. Cette heure passée, Mariam devait s’attendre au courroux des parents. Pis, elle pouvait recevoir des coups de fouets.
Aujourd’hui c’est avec sourire qu’elle évoque ces instants. « On va t’insulter, te punir, tu ne vas pas manger ensuite quand tu vas rentrer dans la chambre, faut savoir qu’il y a quelque chose (recevoir des coups de fouets ndlr.) qui va se passer », se souvient cette jeune mère.
Difficile d’oublier cette période avoue Fatim étudiante en année de licence. Pour elle c’était plutôt « école-domicile » et « domicile-école ». En dehors cela, sortir pour toute autre raison relevait d’un luxe. « Après les cours j’ai 20mn pour être à la maison avec une petite marge de 10mn sinon ça va chauffer. Donc quand je finis mon cours à 12h au plus tard 12h30 je devais être à la maison ; pareil pour les soirs. C’est seulement quand on t’envoie que tu profites bifurquer. On m’avait dit qu’après mon BAC je pourrai sortir comme je veux mais cela n’a pas été le cas » se confie-t-elle.
Echapper à la vigie des parents
Une situation qui était de trop pour Fatim. Exaspérée, elle développe des initiatives pour échapper à la vigilance des parents.
« Nous étions trois filles et pour nous surveiller les parents ont mis un téléphone fixe chez nous. Une fois au service ils peuvent nous appeler jusqu’à 10 fois pour savoir si nous sommes à la maison. Nous avons eu l’idée de laisser quand le téléphone est bien chargé on le met dans un sachet puis on sort avec et quand on appelle on fait croire qu’on est à la maison », confesse Fatim.
Mais au fil du temps, les conditions se sont assouplies, l’âge aidant. Les parents sont plus compréhensifs. Fatim est maintenant libre pour ses sorties à condition, bien entendu, de ne pas abuser.
Durci pour les filles mais tendre pour les garçons
Si pour ces filles le couvre-feu parental se révèle plus rigoureux, pour certains garçons la réalité est toute autre. Omar lui ne l’a d’ailleurs pas connu.
« Je n’ai pas connu le couvre-feu parental, je me dis que c’est parce que je suis un homme mais s’il y avait une fille à la maison on allait lui imposer de ne pas sortir et de rentrer à une certaine heure je pense » estime ce jeune de 27 ans.
Christophe lui ne connaissait le couvre-feu parental que quand il était puni pour des bêtises ou lorsqu’il n’obtenait pas de bonnes notes. « Quand je n’avais pas la moyenne on ne me laissait pas sortir. Pour eux c’est parce que je sortais m’amuser que je n’étudiais pas. Sinon les vacances je sortais sans souci », explique-t-il.
Pour des parents, les filles sont plus exposées que les hommes. Il faut veiller sur elles pour leur éviter les grossesses non désirées et les mauvaises fréquentations.
Un mal nécessaire
Mère de trois enfants, Suzanne Ilboudo avait institué le couvre-feu quand ses enfants vivaient encore sous son toit. Pour elle l’objectif était de protéger les enfants encore plus les filles.
« Quand un garçon enceinte une fille, il est pénard mais la fille a des problèmes surtout souvent dans certaines ethnies et religions ça pose problème. C’est pourquoi on est plus rigoureux avec l’éducation des filles que celle des garçons », se défend dame Ilboudo dont certains enfants sont maintenant mariés.
Il est clair que ces périodes de couvre-feu parental ont été par moments difficiles. Mais avec le temps, ceux et celles qui anciennement ont été « victimes », disent avoir compris avec le temps, son bien-fondé.
« Ça été utile parce que si on m’avait laissée peut-être à l’heure je serai avec 2 enfants on n’en sait jamais. Par exemple les études même ça n’allait pas aller loin, peut être le bac même ça n’allait pas aller », estime Fatim. Comme elle, d’autres soutiennent que le couvre-feu parental a été plus un bien qu’un mal. Ces derniers envisagent d’ailleurs faire vivre cette expérience à leurs futurs enfants.
Béninwendé Nikiéma (Collaborateur)