En 2020, les services de la pédiatrie du Centre hospitalier universitaire Charles De Gaulle de Ouagadougou ont enregistré 53 cas de cancer infantile. Les traitements lourds et à longue durée pèsent sur de jeunes patients, leurs scolarités et ruinent des parents. A l’occasion de la journée internationale du cancer de l’enfant, le personnel soignant a échangé avec des parents de patients.
« C’est tellement difficile. Quand on vous annonce un cancer, vous pensez directement au cimetière », témoigne Fatimata Kafando, 34 ans, coiffeuse et mère d’un enfant guérit du cancer du sang. En 2011, son fils Ariel a été déclaré atteint de la leucémie. Panique et désespoir chez Fatimata, la jeune mère. Au bout d’un mois d’hospitalisation, se rappelle-t-elle, toutes ses économies étaient épuisées dans les examens. A cela s’ajoute l’abandon du papa de l’enfant au quatrième mois d’hospitalisation. « Je suis restée seule avec mon enfant. Ça été des moments très difficiles pour moi et pour l’enfant», témoigne-t-elle avec un brin de tristesse dans la voix.
Des moments douloureux qui relèvent aujourd’hui du passé. Car c’est toute heureuse, son fils dans les bras, que la maman de 34 ans se tient devant d’autres parents d’enfants atteints de cancer pour les réconforter. Ce, à l’occasion de la journée internationale du cancer de l’enfant célébrée ce 15 février. « Ne désespérer point. Cette maladie dont souffrent vos boud’chou peut être guérie. Vous voyez mon fils, il est complètement guéri. Les vôtres peuvent aussi être guéris. Gardez espoir et suivez le traitement et les instructions des médecins », lance-t-elle à l’assemblée.
Diabri Zouleka, 26 ans, étudiante en Droit est aussi une mère qui commence à avoir le sourire aux lèvres. Sa fille, Kaira 4 ans, souffre de leucémie. « Nous avons fait 6 mois d’hospitalisation à la pédiatrie Charles De Gaulle. Elle répondait bien à la chimio. On revient de temps en temps en ambulatoire pour la suite du traitement », explique l’étudiante en Droit qui dit avoir suspendu ses études pour s’occuper de sa fille.
Le vécu social demeure très difficile, admet Dr Sonia Kaboré, pédiatre chargée de la prise en charge des enfants atteints du cancer. Elle égrène ainsi des conflits familiaux, des pertes d’emploi, sans compter la cessation des activités génératrices de revenus chez de nombreux parents du fait de la longue durée d’hospitalisation – 8 à 13 mois-. « Il y a des parents qui ont abandonné leurs enfants à l’hôpital », dit-elle.
La journée internationale du cancer de l’enfant est l’occasion pour la pédiatrie Charles De Gaule d’échanger et de communier autour du thème : « famille et vécu social ». Il s’est agi notamment de sensibiliser les parents et l’ensemble de la communauté sur l’existence de la maladie chez les enfants et les possibilités de prise en charge. « Quand le diagnostic est fait tôt, on peut avoir de bons résultats. La plupart des résultats défaillants sont des patients qui arrivent à des stades très avancés », précise Dr Kaboré. Elle invite ainsi les parents à consulter au moindre signe qui peut alerter, à savoir les infections, la fièvre, etc. et d’éviter l’automédication.
De 2016 à 2020, la pédiatrie Charles De Gaule a enregistré 413 cas de cancer infantile toutes formes confondues. En 2020, ce sont 70 cas de leucémie (cancer du sang) et 33 cas de néphroblastome (cancer du rein) qui ont été enregistrés. Ce sont les deux types de cancer les plus fréquents chez les enfants.