Sur un plateau de tournage dans un quartier de Ouagadougou, le jeune réalisateur Nourdine Ouédraogo est à pied d’œuvre avec son équipe. Nous sommes au 7e jour de tournage de son premier long métrage : « Dernière chance ». Une œuvre qu’il souhaitait faire voir aux cinéphiles lors la 27e édition du FESPACO qui a été reportée pour cause de Covid-19. Pour autant, le réalisateur voit le report comme une chance de pouvoir parfaire son œuvre.
« Ça tourne »…« c’est dans la boîte » ! Ces expressions s’alternent entre deux scènes, dans une cour au quartier Kamboincin, au nord de la capitale. C’est un rêve qui se matérialise progressivement pour le jeune réalisateur Nourdine Ouédraogo, avec le tournage de son premier long métrage. « Depuis deux ans le scénario était prêt, mais par faute de moyen…», dit-il. Après avoir fait ses armes aux côtés des réalisateurs en Côte d’Ivoire où il vivait avant de regagner son pays en 2017, Nourdine a décidé de travailler à son compte. Pour cet amoureux du 7e art, le FESPACO est un pèlerinage obligatoire et il dit se rappeler de sa première participation à la biennale.
« J’ai participé au FESPACO 2018, et j’attendais encore l’édition de 2021 pour acquérir d’autres connaissances et développer davantage mon cinéma. Il y avait des contacts, des masters class, j’ai vu des ainés que je voyais à la télé depuis la Côte d’Ivoire et que j’avais tellement envie de rencontrer(…) », poursuit-il. Le tournage de « Dernière chance » devrait commencer en octobre. Mais la pandémie à Covid a grippé les caméras, explique-t-il. Mais la biennale du cinéma à elle fait les frais du virus mondial.
Prévu pour se tenir du 27 février au 6 mars, le FESPACO a été reporté « à une date ultérieure ». Ainsi en a décidé le conseil des ministres du 29 janvier dernier. Un report que comprennent certains acteurs du cinéma, même s’ils ne cachent pas le choc. Un double dommage pour Hilaire Thiombiano, scénariste-réalisateur. « C’est dommage, c’était l’occasion de rassembler les cinéastes africains et de la diaspora. C’est dommage aussi parce que c’était l’opportunité pour nous jeunes réalisateurs, de prendre attache avec ceux qui arrivent», constate le jeune réalisateur pour qui, la biennale est un événement qui compte dans l’agenda du 7e art africain et mondial.
Pour Jean-Baptiste Pazouknam Ouédraogo, réalisateur, producteur, président de la Fédération nationale du cinéma et de l’audiovisuel, ce sont des sentiments mitigés également : déception et compréhension après le report. « Le report est comme un grand coup de massue. L’artiste vit dans un univers, il s’immerge de toutes les difficultés que vit son entourage. Quand l’artiste est dans une lancée de création, on se dit qu’on a un but à atteindre (…)Si on a eu des Oscars, des Césars, on a été à Cannes, si on n’est pas venu au FESPACO, il y a un gout d’inachevé, il y a quelque chose qui manque », soupire-t-il.
Ancien lauréat d’un prix au FESPACO, Jean-Baptiste Pazouknam dit avoir peur que l’édition ne soit simplement annulée comme d’autres événements d’envergure, en l’occurrence la Semaine nationale de la culture. « J’ai bien peur que ça ne soit le cas avec le FESPACO, si c’est le cas, qu’on nous dise clairement parce qu’il y a des alternatives pour qu’on vive autrement le FESPACO sans créer des foyers de contamination, et contribuer à lever la psychose dans les esprits », conseille le jeune réalisateur. Mais dans ces soupirs de désespoirs, le jeune réalisateur Nourdine Ouédraogo trouve un motif de réconfort. « Avec le report, si je finis le long métrage, je vais continuer le tournage de mon court métrage pour déposer pour le FESPACO. Je peux dire que ça m’arrange un peu », dit-il comme pour se trouver du réconfort.