Le sourire comme un manteau quotidien. A Soukoura, près de Garango dans la région du Centre-Est du Burkina, Alima Bebané a trouvé une brèche pour lancer son business. L’absence de boulangerie a inspiré la jeune dame à se lancer dans la fabrication de gâteaux. Préférant rester dans son patelin plutôt que de rejoindre son époux parti en aventure en Italie, elle est désormais une référence qui fait déguster ses brioches au petit déjeuner dans toute la localité.
Depuis près de 20 ans, le savoir-faire de Alima Bebané fait le bonheur des habitants de Garango et environnants. Ses délicieux gâteaux à moindre coût font saliver plus d’un. C’est avec sa mère qu’elle a appris la technique de modelage de la farine pour en faire des succulentes pâtisseries. «Lorsque je me suis mariée, je ne voulais pas rester à ne rien faire et j’ai décidé de continuer dans la commercialisation des gâteaux », relate la dame de 37 ans. La demande commence timidement, mais loin de se décourager, elle maintient sa détermination.
Lire aussi: Ouahigouya, Mariam Porgo, une déplacée interne «cheffe» en pâtisserie
Désormais, le sac de 50 kilogrammes de farine et deux bidons d’huiles de 20 litres ne tiennent que pour deux jours. Désormais, la jeune entrepreneure ravitaille Garango et ses environs, notamment les petits marchés dans les écoles pour le ‘’gouter’’ des élèves.
Pour les clients comme Salif Lingani, c’est devenu un rituel que de passer chaque matin chez Alima. « Cela fait plus de 13 ans que j’achète les gâteaux de Alima. Tous les matins je viens à son lieu de vente avant de me rendre aux champs ou à d’autres occupations. Il est difficile chez nous d’avoir le pain donc les habitants d’ici consomment ses gâteaux. Je trouve aussi quelle vend les meilleurs gâteaux», commente le client satisfait. Et Wadoud Moné de renchérir que c’est un passage obligé chaque jour avant d’aller à l’école.
Une offre en deçà de la demande
Alima avoue ne pas être à mesure de satisfaire la demande quotidienne. En plus des ventes au détail, elle fait des livraisons dans des boutiques en option – prix en gros. Aussi, la commerçante ravitaille d’autres femmes qui, à leur tour, revendent dans les écoles, les marchés ou les centres de santé. C’est avec une certaine fierté qu’elle dit être autonome financièrement grâce à la vente des gâteaux.
Même si son mari n’est pas là, parti en aventure en Europe, Alima tient bien sa famille. « Je ne compte pas trop sur lui pour m’offrir certaines choses. Je gagne bien ma vie dans ce commerce. Il m’envoie de l’argent chaque mois pour les dépenses de la famille, mais souvent je ne touche pas. Je participe à la scolarisation de nos enfants et aussi j’envoie de l’argent à mes parents », confie-t-elle.
Entre 30 000 F à 40 000 F CFA. C’est le bénéfice engrangé par semaine par dame Bebané. « J’épargne plus de la moitié dans une structure de micro finance. Et j’ai pu acheter une moto à plus d’un million de F CFA l’année dernière, et faire immigrer mon frère au Gabon. J’ai aussi investi dans l’élevage de bétail grâce à mes économies », poursuit-elle.
Un choix assumé
Contrairement à certaines femmes qui espèrent rejoindre leurs époux en Europe, Alima refuse catégoriquement d’aller en Italie. Elle préfère rester dans son Soukoura natal où elle dit mieux se sentir, et s’occuper de ses enfants. « Je ne trouve pas grand intérêt à rejoindre mon mari en Europe. J’ai déjà un commerce qui est rentable. Ce que je gagne ici me suffit largement pour vivre. Il rentre au pays deux fois dans l’année pour voir sa famille donc je ne trouve pas la nécessité de le rejoindre », se défend la vendeuse de gâteaux.
Des projets plein la tête. Après près de 20 ans dans la métier, Alima se verrait bien franchir une autre étape. Elle souhaite ouvrir une pâtisserie et se lancer dans la fabrication du pain. Une ambition dont elle se donne les moyens chaque jour, dès 3h du matin, d’atteindre
Studio Yafa avec Mousso News