Des drones pour faciliter les constats d’accidents de la circulation. C’est la solution technologique que proposent quatre jeunes étudiants burkinabè. Ingénieurs de conception option génie des systèmes numériques en fin de cycle, ils ont participé au concours international- ActInSpace- le 5 février 2021 en ligne. En attendant la concrétisation du projet, les quatre jeunes ingénieurs se disent fiers d’avoir fait connaitre l’expertise nationale à l’étranger.
Des accidents- plus ou moins graves- de la circulation à Ouagadougou, Jean-Yves Bouda, Jacques Tiao, Rodrigue Nikiéma et Frédéric Yaméogo en sont témoins chaque jour. Sur la route de la faculté, ils ont raté des cours, ou des évaluations à cause de ces impairs. C’est là qu’est venue leur source d’inspiration. A défaut de prévenir les accidents, les jeunes étudiants souhaitent faciliter leur gestion quand ils surviennent.
« Nous sommes tous les quatre passionnés de drones, nous avons donc commencé à réfléchir à quel type de drone, quelle technologie utilisée pour des constats rapides et efficaces des accidents de la route afin de fluidifier la circulation », explique Jean-Yves Bouda. La solution que le groupe propose consiste à rapidement repérer le lieu de l’accident et d’y prendre des photos qui seront modélisées en 3D pour faciliter le constat de la police.
Le lancement au niveau national du concours international ActInSpace en novembre 2020 se présente comme une aubaine pour les 4 co-équipiers de jauger leur innovation technologique. Ils en sortent vainqueurs. Une opportunité pour eux de se mesurer à d’autres concurrents internationaux. « Nous étions face aux Etats-Unis, au Canada, à l’Ukraine et à la Colombie. Le speech devait se faire en anglais. Nous avons fait des nuits blanches pour bien nous préparer », explique Jacques Tiago.
A cette phase encore, les jeunes burkinabè sortent vainqueur avant de se retrouver face à la France en finale. C’est finalement l’équipe française qui remporte le concours. Pas de place au découragement chez les Burkinabè. « Nous n’avions pas démérité. Nous sommes parmi les meilleurs et dans le jury, il y a des membres qui disaient ne pas connaitre le Burkina Faso », explique Rodrigue Nikiéma pour qui l’équipe est confiante pour relever d’autres défis.
« Nous espérons rencontrer le Président du Faso »
« Les drones peuvent être des solutions à plusieurs problèmes de société», affirme Jean-Yves Bouda. Mais, poursuit-il, on ne peut faire voler les drones sans l’autorisation des ministères en charge de la sécurité, des transports et de la défense. « Nous espérons rencontrer le Président du Faso pour davantage expliquer notre projet qui ne se limite pas qu’au constat des accidents de la circulation », précise-t-il. Ils espèrent, en outre, obtenir l’autorisation de vol des drones afin de mettre en place des stations dans toutes les villes du Burkina.
Jean-Yves, Jacques, Rodrigue, Frédéric n’entendent pas se limiter qu’au Burkina. Avec Drone network area (DNA) le nom du projet, ils veulent mettre en place plusieurs solutions grâce aux drones et vendre la technologie dans les pays de la sous-région ou encore au niveau mondial. Le business modèle est déjà prêt et attend la promesse de financement de l’Agence de financement des petites et moyennes entreprises ( AFP/PME).
Innocent Compaoré, directeur général de l’institut d’origine des jeunes ingénieurs dit ne pas être étonné de leur prouesse. « Ces ingénieurs ont reçu une formation très solide. Mieux, cette réussite vient confirmer qu’au Burkina, nous avons des écoles de références qui forment selon les standards internationaux ». Il espère lui aussi, un accompagnement de l’Etat pour ces jeunes étudiants. « Le Burkina a un projet de lancer un satellite et il faudra ces genres de solutions via les drones pour résoudre les problèmes concrets du pays », propose-t-il.