Des espaces d’apprentissage sur une carrière. Celle de Pissy, un quartier de la capitale du Burkina Faso. Une garderie et une école de formation à plusieurs métiers permettent aux femmes de vaquer tranquillement au concassage des pierres, et aux aux enfants d’apprendre dans un environnement qui préserve leur santé.
Sur la carrière de granite de Pissy, un quartier situé dans la partie ouest de Ouagadougou, des femmes s’activent à leurs tâches quotidiennes. Les travailleuses sont assises sous de petits hangars entre plusieurs tas de morceaux de granite. Au centre de ce grand espace, Rasmata Kaboré casse de gros morceaux de granite tout en discutant de temps en temps avec les autres femmes.
Habillée d’un tee-shirt noir et d’un pantalon flottant avec par-dessus un vieux pagne, elle nous confie avoir déposé sa fille de cinq ans dans une garderie à proximité avant de commencer son travail. « Nous avons pensé que l’inscrire à l’école de la carrière est une bonne idée. Nous les mettions au dos pour travailler et nous nous sommes rendus compte que souvent des morceaux rentrent dans leurs yeux, blessent également leurs mains. Une fois qu’elle se trouve à l’école mon travail avance aussi », affirme-t-elle.
A environ 500 mètres du site de granite se trouve la garderie Bissongo (enfant sage, en langue locale mooré). Dans un tas de sable et sur une glissoire, des enfants jouent dans la cour de l’école. Les élèves de CP1 viennent de finir leur composition. Quatre classes constituent cette garderie : la petite, la moyenne, la grande section et le CP1.
Assis sur des nattes pour certains et sur des tables-bancs pour d’autres, les enfants sont vêtus d’une tenue de couleur marronne. Selon le moniteur de la grande section, la garderie de la carrière est une école comme les autres parce qu’elle respecte les règles pédagogiques du préscolaire. « Nous faisons les activités de vie pratique, la pré lecture, l’éveil maths et le langage causerie chaque matin », explique-t-il.
Les femmes de la carrière impliquées dans la gestion de la garderie
11 heures ! A la cantine située à proximité des classes, deux femmes munies de grandes bassines et louches préparent le repas de midi. Les parents d’élèves sont pris en compte dans la gestion et l’organisation de la garderie de la carrière. Selon le responsable de ces écoles, Claude François Ouédraogo, les moniteurs du préscolaire travaillaient sur la carrière. Ils ont été retirés du site et formés à l’Institut national de formation en travail social pour être des moniteurs d’éducation de jeunes enfants.
Au vu des risques qu’encourent les enfants présents sur le site de granite, cette école est un soulagement pour les femmes de la carrière. Assise entre des tas de granite Rasmata Kaboré, du haut de ses sept années de travail, sourire aux lèvres, parle de ses anciennes peurs sur la sécurité de sa fille : « J’avais peur quand l’enfant était avec moi ici sur la carrière. Quand elle respirait la fumée de la carrière elle s’enrhumait et toussait », se rappelle la maman.
Un centre de formation pour les adolescents de la carrière
Non loin de la garderie, un centre de formation qui accueille les adolescents de la carrière et environs. C’est un cadre d’apprentissage en couture, tissage et teinture ouvert en janvier 2023 par la Coordination nationale des associations d’enfants et jeunes travailleurs du Burkina.
Dans la cour, sous un hangar, des jeunes filles et un garçon tissent des fils de pagnes traditionnels dans une ambiance de taquineries. Josiane Yaméogo, une apprenante parle des difficultés qu’elle rencontre en apprenant ces différents métiers. « J’apprends le tissage, la couture et la teinture. Le tissage était un peu compliqué au début mais j’arrive à m’accrocher », a-t-elle laissé entendre.
Ce sont au total 20 apprenants que le centre de formation reçoit cette année. Selon la responsable du centre, l’objectif des écoles de la carrière est d’apporter une éducation et une formation aux enfants et adolescents du site de granite de Pissy. Selon les données de plusieurs organisations non gouvernementales, au moins 4000 personnes travaillent au quotidien sur cette carrière.
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Salimata Barry (Stagiaire)