Des jeunes ouagalais disent avoir été impactés par des faits qui ont marqué leurs enfances. Heureux ou malheureux, ces souvenirs ont forgé leurs personnalités et contribué à faire d’eux des adultes dont le poids du passé est omniprésent.
Des hommes qui discutent de recettes de cuisine, qui rivalisent d’innovations et de découvertes pour des mets succulents. Raïssa Congo, jeune étudiante en a été témoin à sa tendre enfance et cela l’a marquée. « En 2004-2005, se rappelle-t-elle alors que je n’avais que 5 ans, je voyais mes oncles et mon papa discuter de qui va faire la cuisine. Moi qui pensais que cette tâche était réservée qu’aux femmes ». Voir ainsi des hommes passionnés de cuisine a suscité une curiosité chez la jeune étudiante de communication. Des chaines de télévision de cuisine, des comptes YouTube ou encore des livres sont depuis lors devenus les compagnons de Raïssa. « Chaque jour j’essaie de lire une nouvelle recette et lorsque j’ai l’occasion je le mets en pratique. Je suis aujourd’hui plus que passionnée de la cuisine », dit-elle enthousiasmée. Elle dit espérer après ses études ouvrir un restaurant pour entretenir cette passion pour la cuisine.
Issouf Ouédraogo, manager culturel doit son calme olympien après une bagarre à l’école primaire. Le jeune homme dit avoir encore en mémoire cette scène. «Un ami a lapidé une fille avec une boule(les boîtes qu’on remplissait le sable pour les épreuves sportives) elle s’est évanouie sur le champ et j’étais le seul secouriste présent. Ça a brisé l’os de son nez », raconte-t-il. Depuis cette scène, Issouf avoue ne s’être plus jamais battus avec quelqu’un.
A 6 ans, Habibou reçoit de sa maman une poupée Barbie. Mais le hic, la fillette devait s’amuser avec sa nouvelle amie sans la déballer. Aujourd’hui mère de famille, et patronne d’entreprise de fabrication de poupées, Habibou doit le déclic de son activité à son enfance. « A chaque fois que ma maman achetait une poupée pour moi, la poupée était toujours dans l’emballage, dans le plastique comme on le dit. Donc à chaque fois je demande pourquoi elle achète tout le temps des poupées emballées ? On me répond non, il ne faut pas déballer parce que tu vas l’abimer. Puis je lui ai dit que lorsque je vais grandir je vais fabriquer des poupées de toutes les formes et de toutes les tailles parce que ça m’énervait en fait de jouer avec la poupée emballée », rappelle-t-elle.
Tout petit, Abraham passait ses journées dans les corvées ménagères. Il s’en remémore avec amertume. « J’ai perdu ma maman quand j’avais 2 ans, donc le papa s’est remarié. Je lavais mes habits, les plats, j’ai même appris à préparer, à faire du to, tout cela dès le bas âge », se remémore l’orphelin précoce.
Maintenant âgé de 20 ans et inscrit en première année d’études anglophones, les maltraitances de sa marâtre ont forgé en lui un caractère de combattant dit-il. « Ça m’a marqué mais ça m’a appris à être déterminé, à être décisif dans tout ce que je fais. J’arrive aussi à surmonter les moments difficiles. Ça m’a forgé mon caractère. »
En bien ou en mal, le psychologue Boukari Pamtaaba affirme que les évènements marquant la vie de l’enfant sont déterminants pour son devenir comportemental à l’âge adulte. « Nous éduquons l’enfant dans un environnement ; si c’est dans un environnement stimulant, où il y’a de la joie, l’épanouissement, l’enfant intègre ça en lui dans ce processus et ça renforce sa personnalité (…)», fait-il savoir.
Selon Boukari Pamtaaba, l’enfant est l’adulte de demain. Pour cela il doit être éduqué dans un environnement paisible et favorable à son développement.