Les temps ont changé. L’éducation aussi. Si l’enfant était considéré comme étant celui de la communauté au point d’être corrigé par un inconnu quand il est en faute, de nos jours, la donne a changé. Le faire peut vous créer des ennuis de tout genre. La télé, le téléphone et d’autres supports ont remplacé le rôle des parents dont certains sont tout le temps absents.
Zalissa Tapsoaba, mère de 6 enfants. La cinquantaine, les cheveux grisonnants. Assise dans un salon de coiffure, cette dame constate que l’éducation n’est plus la même qu’avant. « Si tu frappes l’enfant de quelqu’un, ce dernier peut même te brutaliser. Avant si un enfant était en erreur, tu pouvais bien le corriger et ses parents vont apprécier, mais aujourd’hui si tu essais de corriger l’enfant d’autrui en erreur, sa maman viendra se plaindre », dit-elle, l’air dépitée.
Pour cette raison, Zalissa préfère regarder simplement les enfants en tort, sans broncher.
L’avis de la dame est partagé par une autre personne du 3e âge. Abdoulaye Ouoba, la voix posée, la démarche difficile, remarque également que d’hier à aujourd’hui, l’éducation des enfants a bien changé. « Dans le temps, un enfant était l’enfant de tout le monde, mais aujourd’hui c’est carrément le contraire », se désole le sexagénaire. Pour lui, les coupables, ce sont les parents.
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«Aujourd’hui, certains parents estiment qu’ils se suffisent. Ils ne veulent pas que quelqu’un touche à leur enfant », remarque Abdoulaye Ouoba.
Bien que jeune, Laeticia Nignan, mère de 3 enfants, partage la tristesse des personnes du 3e âge sur l’éducation des enfants. Elle soutient que le respect des aînés n’est plus une valeur chez les jeunes gens. « Les enfants avaient froid aux yeux, ils respectaient les personnes âgées, vraiment leur éducation était bénie. Mais les enfants d’aujourd’hui à peine même s’ils voient une grande personne, pour dire bonjour, c’est tout un problème ».
Rôle des parents dans l’éducation des enfants
Laetitia Nignan, pour un meilleur avenir de ses enfants, partage avec eux les valeurs qu’elle a acquises à son enfance et planifie les occupations à la maison. « Je partage avec eux le peu aussi que je connais et que j’ai vécu (…) Pendant la période scolaire pas de télévision. Après les cours, chacun sait quoi faire, se doucher, manger, et retourner sur ces cahiers », explique-t-elle.
Pour conforter ce que cette jeune dame a dit, Zalissa Tapsoaba ajoute qu’à son époque, les parents les faisaient asseoir pour leur prodiguer des conseils. « A notre temps, nos parents nous inculquaient les bonnes valeurs. Que tu sois fille ou garçon, tous apprenaient aussi à faire les travaux ménagers », avance-t-elle.
Pour sa part, Abdoulaye Ouoba soutient que l’éducation des enfants incombe aux deux parents. « L’éducation de la fille se fait par la maman mais le papa doit aussi apporter un plus. L’éducation du garçon ne se fera pas seulement par le père, la mère aussi doit aussi contribuer », conseille-t-il.
Au-delà de la procréation
Selon le sociologue Sidi Mohamed Guigma, les parents doivent revoir l’éducation de leurs enfants et s’impliquer davantage. « L’esprit de parent ne doit pas se résumer à la capacité de procréer mais à la capacité de prendre soin, d’être suffisamment responsable, de vivre véritablement pour sa famille », soutient-il. Il constate que de plus en plus dans les familles, les parents ont démissionné des rôles qu’ils devaient jouer, pour permettre la plénitude et l’épanouissement des enfants.
« Les parents ne sont plus en réalité des parents, ce sont juste des personnes qui vivent avec les enfants et il n’y a pas de relation dans la majorité des familles qui vivent dans la société », regrette-t-il, avant d’ajouter que certains parents sont comme des enfants et de ce fait, ne peuvent pas avoir la prétention de donner une éducation conforme à leurs enfants. « Des parents n’ont pas montré un certain exemple dans la société, ou dans la famille dans laquelle ils sont, ce sont ce sont des parents qui ont vécu comme des enfants », tranche le sociologue.
Pour une bonne éducation des enfants, Sidi Mohamed Guigma conseille aux parents d’établir une relation de communication parfaite avec leur enfant. Selon lui, le parent doit être le meilleur ami de son enfant.
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Plusieurs acteurs font le triste constat que les enfants sont abandonnés à eux-mêmes. La cellule familiale qui devrait permettre à l’enfant d’avoir les bonnes valeurs, est le plus souvent désertée par les parents toujours partis. Sidi Mohamed Guigma suggère que dans les écoles, les notions d’éthique et de morale soient enseignées aux élèves.
Carolle Kady Ouattara (Stagiaire)