A l’échangeur du nord de Ouagadougou les uns courent, les autres se frottent les mains. Le sport pratiqué sur une partie non encore ouverte de l’infrastructure a créé un business. Des « coachs », des vendeurs d’eau, de fruits, de matériel sportif ou encore des « parkeurs », essentiellement des jeunes, profitent de la pratique du sport en ce lieu atypique.
Ce samedi 6 Mars 2021 comme chaque jour de la semaine, la partie de l’échangeur du Nord de Ouagadougou non ouverte à la circulation est le lieu de convergence de nombreuses personnes pour y pratiquer le sport. Parmi les habitués, Damien Zongo 28 ans. Au début, le jeune homme venait courir. Mais depuis plus d’une année, il s’est converti en gérant de parking de circonstance à l’échangeur du nord. « Je suis venu un soir pour faire du sport et quand je suis arrivé, j’ai vu des engins déposés en désordre un peu partout. Je me suis renseigné avec un ami qui m’a dit qu’il n’y avait pas de « parkeur » sur les lieux. Le lendemain seulement je suis allé acheter mes tickets et j’ai commencé à travailler », explique-t-il.
Comme lui, ils sont nombreux ceux à qui la pratique du sport sur l’échangeur du nord profite économiquement. Et ce n’est pas Fatou Ouédraogo qui dira le contraire. La jeune dame d’une trentaine d’année a fait de cette partie de la voie transformée en piste de sport, son lieu de commerce. Selon Fatou, il est difficile d’avoir un hangar dans les marchés classiques. Elle profite alors de la présence des sportifs sur l’échangeur pour écouler ses produits qui se composent entre autres de jus, de paquets d’eau et de fruits. « La présence des sportifs sur l’échangeur ne m’aide pas un peu. Ça m’aide beaucoup », avoue la jeune commerçante.
Pour aider les pratiquants du sport à bien s’exercer, Lamine Konaté propose toute une gamme de matériel sportif. « Que ce soit pour des exercices de musculation ou de fitness ou d’autres matériels de sport, les gens n’ont plus besoin d’aller dans les boutiques pour en chercher. Je leur propose tout cela sur place à l’échangeur », dit-il avec fierté.
Christ Odilon Zoungrana lui, offre des services de coaching. Footballeur sociétaire de SALITAS, il a été prêté à un club de niveau inférieur. A l’échangeur du Nord, il aide ceux qui veulent réaliser des exercices mais qui ne savent pas comment s’y prendre tout seul. Christ Odilon dit n’avoir n’a pas fixé de tarif pour les services rendus. « Il arrive que certaines personnes qui reconnaissent l’aide que je leur apporte, me donnent quelque chose en retour pour m’encourager à continuer », reconnaît-il.
Quand la voie s’ouvrira à la circulation…
Jusqu’à quand les riverains de l’échangeur du nord pourront continuer d’y pratiquer le sport ? Il est clair en effet que la partie qui n’est toujours pas ouverte à la circulation le sera dans quelques mois ou quelques années. Que deviendront en ce moment toutes ces personnes qui profitent de la présence des sportifs pour gagner leur vie ?
Le « parkeur » Damien Zongo dit être conscient de la menace qui pèse sur son activité spontanée. « Quand on va ouvrir le reste de l’échangeur à la circulation, ça va être difficile pour nous. Mais je dois vous dire que tous ceux qui viennent ici souhaitent qu’un endroit soit aménagé à proximité de la voie pour que la pratique du sport et partant, le travail que je fais puisse continuer surtout que j’ai déjà embauché deux jeunes pour m’aider dans mon travail », dit-il. Les sportifs lancent le même cri de cœur ainsi que toutes ces personnes qui profitent de cet espace pour se faire un un peu d’argent.