Par un décret en date du 1er février 2021, le gouvernement du Burkina Faso confie désormais l’organisation de l’examen du baccalauréat au ministère en charge de l’éducation nationale. Cette décision ne rencontre pas l’assentiment de tous les acteurs concernés avec en première ligne les élèves.
A Ouagadougou, des élèves ne sont pas contents de la décision du gouvernement de ramener l’organisation de l’examen du baccalauréat au ministère en charge de l’éducation nationale. Pour le faire savoir, ceux des classes de troisième et de Terminale du Lycée Marien N’gouabi ont manifesté le 9 mars dernier.
Le mouvement d’humeur des élèves de ce lycée public de la capitale ouvre la voie à d’autres manifestations selon Madi Ouédraaogo, président de la section Nelson Mandela de l’Association des élèves du secondaire de Ouagadougou, ASEO : « nos camarades sont vraiment mécontents et c’est pour cela que ceux du Marien sont sortis. Si à notre niveau on est silencieux pour le moment, c’est parce qu’on est en train d’analyser profondément la situation. Sinon nous tous on n’est pas d’accord avec cette décision et on va se concerter au niveau de l’association pour avoir la conduite à tenir les jours à venir ».
La crainte des élèves vient du fait que « si le Bac n’est pas organisé par l’université et s’il n’est plus reconnu comme premier diplôme universitaire, les titulaires de ce parchemin n’auront plus droit à une inscription immédiate à l’université. Toute chose qui va rendre l’université inaccessible aux enfants du peuple » explique le président de l’AESO.
A chacun son opinion
Cette vision de l’élève en classe de terminale est partagée par Dramane Yaméogo, un parent d’élèves du lycée Nelson Mandela de Ouagadougou. Pour ce dernier, le fait de confier l’organisation du baccalauréat au ministère de l’éducation nationale « enlève à cet examen la qualification de premier diplôme universitaire qui donnait la possibilité aux titulaires de s’inscrire de droit à l’université. Maintenant, poursuit-il, « les universités auront le droit de recruter les étudiants en fonction de leurs propres critères et il est possible que certains titulaires du baccalauréat n’arrivent pas à trouver de place puisque l’inscription ne sera plus systématique ». André Eugène Ilboudo, professeur de français et directeur d’établissement a une autre vision sur cette question.
Pour lui, « le Bac, une fois que vous l’avez, le gouvernement prend la décision qu’il veut avec votre Bac ». En plus, selon lui, « ce n’est pas du populisme que de dire que l’université n’est pas faite pour tous ceux qui obtiennent le baccalauréat, surtout avec les rachats, et les absentéistes chroniques ».
Pour l’heure, les autorités du ministère en charge de l’éducation nationale ne souhaitent pas se prononcer sur le mouvement d’humeur des élèves. La raison est que des négociations sont en cours entre les deux ministères (ceux de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur) sur la décision de confier désormais l’organisation du baccalauréat au MENAPL.