Les femmes avec des rondeurs, aux hanches et aux fesses rebondies, sont appréciées par certains hommes. Mais elles sont parfois victimes de harcèlement de la part d’admirateurs qui ne cachent pas leurs désirs. Des mots et même des gestes déplacés sont le quotidien de certaines qui n’hésitent pas à emprisonner leurs corps dans de gros habits pour essayer de passer inaperçues.
Mireille est une jeune fille de 26 ans. Teint claire, forme généreuse. Des atouts physiques qui ne lui rendent pas forcément la vie facile. Mireille est souvent agressée verbalement par certains hommes qui tiennent des propos déplacés, voire désobligeants à l’égard de la jeune fille.
« On était à l’anniversaire d’une amie et son grand frère me dévisageait et puis il a dit en public que mes fesses ressemblaient au foutou et il précise foutou banane. Je ne sais pas si j’avais honte ou si j’étais fâchée mais ça m’a énervée », se rappelle la jeune fille dont le simple souvenir de la scène la replonge dans la colère. Mais elle n’était pas au bout de sa peine ce soir-là, puisque son vis-à-vis poussera plus loin en lui demandant son numéro de téléphone qu’elle dit avoir refusé de donner.
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« Suite à mon refus, il m’a proposé de grouiller on va coucher ensemble et puis il va me donner ce que je veux parce qu’avec mes fesses là, il ne peut pas me laisser partir comme ça. Il a commencé à me proposer de l’argent, je me suis arrêtée pour le regarder. Franchement j’avais envie de pleurer mais je n’ai rien dit et je suis partie », ajoute Mireille, visiblement toujours remontée.
Comme elle, Mariam, la trentaine, est également victime de harcèlement de certains hommes à cause de ses rondeurs. Elle se souvient d’une scène marquante : un homme lui aurait tapé sur les fesses. « Une fois, je marchais et un monsieur a tapé sur mes fesses ; je n’ai rien compris. Ça fait très mal », reconnait la victime qui avoue avoir pleuré par la suite. « Je n’arrivais pas à comprendre ce qui pouvait le pousser à me taper sur les fesses vu qu’on ne se connaissait pas et je n’avais pas porté un habit provocateur », explique Mariam.
Le harcèlement est puni par la loi
Des expressions sont couramment utilisées pour désigner la forme de certaines jeunes filles. Quand la guitare n’est pas l’unité de mesure, c’est la boisson Coca Cola qui est la référence. Le terme ‘’apoutchou’’(argot ivoirien) pour qualifier les filles bien en chair. Pour éviter ces remarques souvent faites publiquement et qui gênent, Mireille fait le choix malgré elle de ne plus porter d’habit moulant.
« Quand je sors, c’est soit en pantalon soit en robe, une grosse robe en plus. Cela fait que présentement je ne me sens plus à l’aise dans ma peau, je n’arrive plus à m’accepter. J’ai commencé à faire du sport j’espère perdre beaucoup de poids, je prends aussi des thés », lâche la jeune fille, avec dépit.
Les comportements déviants de certains hommes face à ces filles aux formes généreuses s’apparentent à du harcèlement sexuel qui est puni par la loi burkinabè. Selon Djakaridja Ouattara, substitut du procureur à la cour d’appel de Ouaga, une personne victime de harcèlement peut saisir la police ou la gendarmerie ou porter plainte directement chez le procureur du Faso.
«Le harcèlement simple qui n’est accompagné d’aucune circonstance est puni d’une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 250 000 à 1 000 000 de FCFA», explique l’homme de droit. Quant au harcèlement aggravé commis par une personne ayant autorité sur la victime, poursuit Djakaridja Ouattara, la peine est de 1 à 5 ans et une amende de 1 à 5 000 000 de FCFA.
Safiatou Zong-Naba
Collaboratrice