Le Centre universitaire de Gaoua dans la région du Sud-Ouest, n’a pas de locaux depuis son ouverture en 2017. Les milliers de jeunes apprenants squattent des magasins de l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP). Ces jeunes venus de différentes contrées du pays doivent également faire face au manque de logements et à une restauration qui ne couvre pas leurs besoins.
Jeanne Ouédraogo est étudiante en 1ère année de gestion du patrimoine culturel et touristique au Centre universitaire de Gaoua. La native de Bobo a été orientée dans cette ville après son baccalauréat. Elle déchantera en découvrant que l’université dans laquelle elle devra passer au moins 3 années d’études n’a pas de locaux. C’est à l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP-Gaoua) qu’est logé le centre universitaire.
Dans une des salles qui accueille les étudiants, l’ambiance est studieuse en ce début du mois de mars. Cinq étudiants sont assis, certains devant leurs ordinateurs, d’autres les regards plongés dans leurs documents. Des chaises en piteux état sont dispersées sur le petit espace, et des cailloux font office de places assises.
« Souvent on n’a pas de chaises et on est serré dans la salle. C’est cette salle qu’on nous a réservé sinon ce n’était pas une salle où on devrait prendre les cours. Des fois, des gens sont dehors pour pouvoir suivre les cours pendant que d’autres sont à l’intérieur. Parfois il faut se lever à 4h pour pouvoir être dedans. Souvent pour écrire tu n’as pas de table et tu es obligé de déposer tes cahiers sur tes jambes pour pouvoir écrire », dépeint Tené Ouoba en 1ère année de sciences biologiques appliquées, originaire de Diapaga dans la région de l’Est.
Les étudiants du Centre universitaire n’ont pas de salles fixes pour prendre les cours. Ils errent dans différentes salles, à plusieurs endroits. « Au début on suivait les cours à l’amphithéâtre de l’ENEP, après c’était dans une autre salle, ensuite on nous a amenés en ville à plus de 8 km pour suivre des cours, c’est vraiment distant. Quand tu te lèves le matin, tu parcours cette distance, non seulement tu arrives en retard, mais surtout fatigué bien entendu ta présence devient presqu’inutile parce que tu n’arrives pas à suivre », explique pour sa part Charles Lebon Bayala, en 1ère année.
Absence d’œuvres universitaires
Pour ces étudiants qui souvent ont parachuté à Gaoua sans une connaissance, le calvaire n’est pas seulement dans le manque d’infrastructure pour recevoir les enseignements. Il y a en plus de cela l’absence de cités universitaires et une restauration qui reste problématique. « Le nombre de plats attribués au centre universitaire de Gaoua est insignifiant. Nous sommes environ 1300 étudiants. Ce n’est que 326 plats qu’on nous donne », explique Constant Sagdou, étudiant en 2e année et par ailleurs délégué des étudiants.
« Pour avoir à manger il faut prendre le rang durant 2h de temps. Il faut venir tôt et abandonner parfois les cours pour avoir à manger », ajoute Téné Ouoba. Le logement est une couche qui s’ajoute aux difficultés des jeunes apprenants. « Nous sommes trois, et nous avons pris une maison à 10 000 F CFA, chambre salon, sans eau et sans électricité. Nous utilisons les lampes solaires. Franchement être auprès des parents est mieux que d’être abandonnée à soi-même seule ici », note la jeune Jeanne Ouédraogo. Certains étudiants ont dormi dans des gares à leur arrivée dans la ville, avant de se trouver un autre point de chute, nous explique Souleymane Ouédraogo.
Ces difficultés ne sont pas étrangères à l’administration de l’université rassure le délégué des étudiants. « En 2019 le ministre est venu nous voir et nous avons soumis nos problèmes. Il nous a fait comprendre que ce sont les mêmes difficultés dans tous les centres universitaires. On veut étendre les universités dans toutes les régions, mais il y’ a des problèmes d’infrastructures. Il nous a dit de patienter », précise Constant Sagdou.
L’administration du centre confirme que le calvaire des étudiants prendra bientôt fin. L’université de Gaoua sort progressivement de terre. Le chantier de sa construction a commencé. En attendant, des étudiants ont déjà abandonné les cours.