Ouagadougou est de moins en moins sûr. Attaques à mains armées, cambriolages et plusieurs autres actes d’insécurité…A Dapoya, quartier situé en plein centre de la capitale burkinabè, les habitants n’ont pas le sommeil tranquille. Des jeunes ont donc décidé de se constituer en comité d’auto défense pour sécuriser leur quartier. Une mission à haut risque avec des moyens rudimentaires.
« Y’a trop de vols, trop de maux qui minent le quartier », constate impuissant Ibrahim Ouédraogo, un jeune de Dapoya. Le quartier traine déjà une mauvaise réputation de haut lieu de prostitution en plein centre Ouagadougou. Alors Ibrahim Ouédraogo et ses camarades ont senti la nécessité d’unir leurs forces contre ceux qui troublent la quiétude des habitants.
« On a vu que si on ne s’organise pas pour lutter contre ces maux et fléaux qui sévissent dans le quartier, ça risque de devenir bizarre à la longue, puisqu’on est dans le quartier et on est les premiers concernés », explique le jeune homme, premier responsable de ce groupe d’autodéfense. Depuis, il est presqu’impossible de passer au quartier Dapoya entre 22h et 4h du matin sans les apercevoir. Munis de fouets et de bâtons, des jeunes montent la garde dans les rues du quartier et soumettent au besoin certains noctambules à un interrogatoire digne d’un contrôle de police.
Des armes rudimentaires face à des brigands qui disposent le plus souvent d’armes à feu et extrêmement agressifs. Il y a de quoi être prudent. Certains auto-défenseurs en ont fait les frais. Le premier responsable lui-même a été plusieurs fois blessé lors de ses interventions. « C’est dangereux, mais c’est pour notre propre sécurité. Autrefois, j’ai poursuivi un voleur et entre temps il s’est arrêté et il voulait m’affronter, je me suis défendu mais il m’a blessé avec son couteau. Mais je me suis pas laissé faire, je me suis défendu jusqu’à pouvoir l’arrêter », raconte Ibrahim Ouédraogo.
Selon Abdoul Rahim un autre jeune, les Forces de défense et de sécurité ne sont pas promptes à intervenir dans le quartier, quand elles sont appelées en urgence. Le jeune habitant lie cela à la mauvaise réputation de Dapoya. « Le quartier est mal vu. Quand tu appelles la police pour expliquer une situation, ça prend toujours trop de temps, ils prennent du temps pour venir. Souvent aussi tu appelles et ils te mettent en stand-by en te laissant croire qu’ils vont venir alors que non. La mauvaise réputation du quartier joue, c’est déplorable mais c’est ça », précise Abdoul Rahim.
Malgré leurs efforts de veille et les risques qu’ils encourent, ces jeunes disent être peu ou pas soutenus par les habitants du quartier. Certains même les accusent d’éventuelles complicités avec les malfrats. « Effectivement notre quartier est un quartier voyou et ceux qui disent ça ont raison, nous-même on est d’accord parce que y’a tout type de vol ici et c’est sur nous ça retombe. On dit c’est nous pourtant nous sommes innocents. Des jeunes quittent ailleurs venir faire des scandales et ont dit que ce sont les jeunes du quartier nous aussi on essaie de leur montrer que ce n’est pas nous », se défend cet autre jeune de Dapoya.
De l’avis de Ibrahim Ouédraogo, le nombre de cambriolages et autres actes d’insécurité ont considérablement chuté depuis la mise en place du comité d’auto-défense. Le prochain défi pour les membres : instaurer une relation de confiance entre eux et les autres habitants de Dapoya.