Le phénomène de la drogue prend des proportions inquiétantes dans le milieu scolaire burkinabè. Il y a seulement quelques jours, deux élèves en classe de 5ème ont été déférés à la Maison d’arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) pour détention et usage de cannabis. Face à ce phénomène, certains établissements secondaires ont choisi la voie de la sensibilisation pour espérer inverser la tendance.
L’information défraie la chronique au Burkina Faso depuis quelques jours. Deux élèves âgés de 16 et 17 ans ont été déférés à la MACO pour détention et usage de stupéfiants. Ce fait divers vient rappeler que la question de la drogue en milieu scolaire n’est pas une vue de l’esprit mais une réalité en milieu scolaire burkinabè. Le directeur du complexe la salle Badenyan, frère Jean Luc Traoré, religieux issu des frères des écoles chrétiennes, l’a appris à ses dépens. Il y a tout juste une année, son établissement a épinglé des élèves de 5e et de 4e en possession de stupéfiants. Face à cette situation, frère Jean Luc estime que « quand vous êtes éducateurs ou que vous avez la prétention de l’être, vous ne pouvez pas rester indifférent. Vous devez vous investir de la responsabilité de faire quelque chose pour limiter les dégâts ou rendre les enfants moins vulnérables à ces situations de drogue ». C’est ainsi qu’en collaboration avec le bureau des parents d’élèves, les responsables de l’établissement Lassalien ont décidé d’agir. Pour ce faire, appel a été fait au secrétariat permanent du comité national de lutte contre la drogue pour sensibiliser les élèves en cette année 2021. Ainsi, durant 72h, du 24 au 26 mars, « environ 1000 élèves vont être touchés par la sensibilisation du secrétariat permanent » selon le directeur.
A qui la faute ?
Selon les résultats d’une étude menée il y a quelques années au Burkina, l’alcool est la substance la plus expérimentée par les élèves (34,14 %), suivi du tabac (10,16 %), les somnifères et tranquillisants (5,12 %), les autres substances (7,1%) et le cannabis (1,73 %). La fréquence de consommation de toutes les substances augmenterait avec l’âge. Les facteurs associés à la consommation du tabac sont le fait de passer des soirées hors domicile sans autorisation des parents, le fait de « sécher des cours », la consommation dans l’entourage aussi bien parmi les parents que par les amis. Pour l’alcool, les facteurs les plus significativement associés à la consommation par les élèves sont la consommation dans l’entourage familial ou par les amis et la consommation du cannabis par les élèves est surtout associée au fait d’avoir un ami qui en consomme.
Pour de nombreuses personnes, c’est l’insouciance et la démission des parents qui explique l’ampleur que prend la consommation de la drogue chez les jeunes scolaires au Burkina Faso. Tout en reconnaissant la part de responsabilité des parents dans cette situation, le directeur du complexe La Salle Badenyan estime que « le problème est plus complexe que cela ». Nous sommes en face d’une mutation sociale qui engendre des problèmes et qui demande à la société de se réorienter, de revoir ses bases pour y faire face » explique-t-il. En clair, c’est toute la société qui doit selon lui, trouver les voies et moyens pour protéger les jeunes « parce qu’ils sont les plus vulnérables et les plus fragiles face aux stupéfiants ». Mais en attendant que les différentes initiatives de sensibilisation des élèves sur les dangers de la drogue portent leurs fruits, il est à rappeler que selon les textes en vigueur au Burkina Faso, à partir de 17 ans, les enfants risquent les mêmes peines que des personnes adultes en cas de détention ou de consommation de la drogue.