La vie a repris son cours normal à Rood woko, le plus grand marché de Ouagadougou. La veille, les commerçants avaient fermé ce haut lieu de commerce pour exiger plus de sécurité, suite au cambriolage de plusieurs boutiques.
Une ambiance qui contraste avec celle d’hier. Les parkings bondés, débordant d’engins à deux roues. Des allées du marché bien animées. Difficile d’avancer, entre les clients, les vendeurs ambulants, les coxeurs qui tentent de convaincre les visiteurs à les suivre. Le quotidien normal de Rood-woko.
Hier 17 juillet, l’ambiance était tout autre. La colère s’était emparée des allées jusque dans les boutiques, mettant les commerçants hors du marché. Ils avaient fermé l’enceinte pour exprimer leur ras-le-bol. Assis devant sa boutique, le nez plongé dans son téléphone, Sabani Ouédraogo ne démord toujours pas.
« Comment on peut casser toute une boutique alors qu’il y a des policiers et des gardiens ? C’est vraiment gauche. On a l’impression que les policiers sont là pour arrêter seulement ceux qui empruntent les sens interdits et prendre les 2000 et 3000 F CFA des gens. Mais ils ne s’en foutent pas mal des commerçants et de leurs boutiques. Pourtant, c’est ici nos champs et nos bureaux », fulmine le jeune commerçant.
La raison de la colère
Joanny Nana, est un ancien des lieux. A l’incendie du marché en 2003, il était déjà là. Plus de 20 ans de présence dans ce lieu de commerce, mais il avoue n’avoir jamais vécu cette série de cambriolages que vit le marché. Hier donc, il était l’un des meneurs. « Il y a d’abord eu 9 boutiques qui ont été cambriolées. Nous avons mené des démarches auprès de la Police municipale et de l’agence de gardiennage pour essayer de comprendre. Pendant que les enquêtes promises n’ont rien montré, avant-hier, on a encore vécu le cambriolage de 3 boutiques. Nous ne pouvions plus nous taire », lâche-t-il.
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Cette colère est également partagée par Alice Gouba. Assise devant sa boutique de vente de produits et accessoires de beauté, la commerçante a également des interrogations sans réponse. « Il y a des vigiles, des gardiens, des policiers mais on cambriole toujours. Pourtant si tu fais 3 mois sans payer ton loyer, les policiers viennent pour fermer ta boutique. On paye, mais nous ne sommes pas en sécurité(…) C’est vrai que hier on n’a rien vendu, mais manifester notre mécontentement, le jeu en valait la chandelle », soutient-elle, avant d’ajouter qu’il ne s’agit pas de n’importe quel endroit.
« C’est quand même le grand marché. On espère que le problème va enfin trouver une solution. Déjà qu’il n’y a pas de marché et en plus, le peu que nous gagnons est volé. Vous voulez qu’on fasse quoi ? On risque de ressortir encore si nous n’avons pas gain de cause », prévient Alice Gouba.
En attendant ADEU
C’est l’Agence du développement économique urbain (ADEU) qui s’occupe de la gestion de Rood Woko. Après leur mouvement d’humeur, les croquants disent avoir été reçus par les premiers responsables. Selon Joanny Nana, les commerçants ont exigé le remplacement des responsables chargés de la sécurité du marché ainsi de l’agence en charge des gardiens.
« Il est temps de changer de prestataire et que la société qui sera commise à la sécurité ait des armes pour ses éléments. Il faut que toutes les entrées soient sécurisées. Nous ne pouvons pas investir nos ressources pour que des voleurs viennent profiter », s’insurge Joanny. Selon lui, les manifestants ont également exigé l’électrification de tout le marché. Nos tentatives d’avoir la version de l’ADEU sont restées vaines.
Tiga Cheick Sawadogo