Les bruits des tondeuses ne sont plus réguliers dans des salons de coiffure. Des pressings fonctionnent au ralenti, des claviers d’ordinateurs sont également muets dans des secrétariats publics. A Ouagadougou, les coupures de courant en cette période de canicule , impactent certaines activités. Des jeunes disent vivre un chômage technique occasionnant des pertes et des désagréments avec des clients.
Dans son atelier de soudure métallique à Wayalghin, un quartier de la capitale Ouagalaise, Aziz Kanazoé se tourne les pouces. Les bruits habituels de scie et de soudure ont fait place au silence. Il y a encore coupure de courant ce matin. « Avant-hier, le courant s’est coupé tôt le matin pour ne revenir qu’aux environs de 15h. Ce jour-là, nous n’avons pas travaillé. On ouvre l’atelier et on ne fait rien » dit-il. Cette situation récurrente n’est pas sans conséquences. « On a chaque fois des problèmes de pertes et d’incompréhension avec les clients. Quand tu prends un marché, tu donnes un délai à ton client, entre temps il y a coupure », fulmine le jeune ouvrier.
Les heures sans travail jouent négativement sur son activité. Lui qui a cinq ouvriers à sa charge dit ne pas savoir comment s’y prendre pour leur donner à manger à midi. En plus de cela, le loyer et les factures sont des équations à résoudre. « Le service des impôts est passé ici pour nous faire payer des taxes, mais si tu ne travailles pas, comment honorer ces taxes ? » se demande Aziz, impuissant.
Thérèse Ouédraogo également le même calvaire, étudiante et gérante d’un pressing. Pour elle, cette période met à rude épreuve ses relations avec les clients. « Les clients ne comprennent pas que cela ne dépend pas de notre volonté. Certains comprennent, d’autres aussi ce n’est pas la peine. Ce sont des bagarres et d’autres clients disent qu’ils ne reviendront plus ici. Ce n’est pas de ma faute », se défend la jeune tenancière.
Barry Rasmata, travaille dans un secrétariat public. Elle traverse également mal cette période de canicule avec son corollaire de coupures. « Hier nous sommes restés sans électricité de 12 à 16 h. On a rien fait. Vraiment c’est pénible pour nous (…) Des clients viennent laisser des documents à saisir et ils s’en vont. Certains sont vraiment dans l’urgence. Quand il revient trouver qu’il y a coupure, j’avoue qu’on encaisse beaucoup de paroles dures. Je me dis que l’année passée était encore mieux, cette année c’est pire », soupire la jeune secrétaire.
Le coiffeur Boubacar Koussoubé a dû trouver une alternative pour continuer à travailler. « Nous avons installés des plaques solaires. Quand il y a coupure, nous continuons le travail au solaire en attendant », dit-il. Le solaire comme solution palliative ? Pas totalement, reconnait-il, parce que poursuit le coiffeur « on ne peut pas travailler avec le solaire toute la journée ». Quand il est en peine activité et que sa source d’énergie tarit, l’atmosphère devient insupportable dans l’atelier, explique-t-il. «Souvent nous vivons des vraies défaites. Tu coiffes un client qui est pressé et le courant te lâche, il commence à nous invectiver, il ne comprend même pas que c’est la SONABEL, il nous accuse ».
Sur le plateau du journal télévisé de la RTB, Baba Ahmed Coulibaly, directeur général de la Société Nationale d’Electricité du Burkina (SONABEL) a indiqué que la société qu’il dirige n’est pas en situation de déficit. Il a invité les clients à adopter des modes de consommation qui sont économes, ce qui permettra selon lui, de baisser la pression sur des équipements et d’avoir plus d’électricité pour tout le monde.