Le tronçon Gounghin – Fada long de 70 kilomètres est impraticable. Les passagers à destination de Fada N’gourma, Kantchari, Diapaga ou vers le Niger, le Bénin ou le Togo vivent un calvaire à chaque voyage.
Abdoulaye Ouoba (nom d’emprunt) n’a pu assister à l’enterrement de son père, au début du mois d’avril 2021 du fait de l’état défectueux du tronçon Gounghin-Fada. « Chaque minute qui passait m’éloignait de mon père. J’avais tant muri l’espoir de lui dire au moins au revoir », explique-t-il la gorge nouée. Le jeune homme est finalement arrivé à destination à 21h, après 5h de route au lieu de 2h initialement prévues. L’enterrement avait déjà eu lieu. « Si la route était bonne, en moins de 2heures, nous allions arriver et j’allais pouvoir accompagner mon père à sa dernière demeure », explique-t-il, triste.
Dans une des gares routières de Ouagadougou, Yacouba Ouédraogo attendait patiemment le car de 12h ce lundi 19 en direction de Fada N’Gourma. Visiblement anxieux il dit s’inquiéter de ce qui les attend sur le tronçon Gounghin-Fada. « J’ai toujours peur lorsqu’on arrive à cet endroit précis. En plus des nids-de- poules et des gros trous qui nous exposent aux risques d’accidents, il y’ a l’insécurité avec les attaques terroristes qui ne sont pas à négliger. Tout peut donc arriver », commente Yacouba Ouédraogo.
Le jeune étudiant qui emprunte la route au moins deux fois par mois dit avoir des problèmes de santé après chaque voyage. Sidonie Atédegla, béninoise résidente dans la ville de Fada N’Gourma déplore, elle, le silence des autorités face à la dégradation quotidienne de la route. « Si voyager doit être une angoisse, on se demande ce qu’on peut faire. Il n’y a pas ce passager qui n’a pas peur à chaque fois qu’il emprunt la nationale n°4 (Gounghin-Fada)», dit-elle avec dédain.
« Où vont les millions encaissés chaque jour ? »
La région de l’Est fait frontière avec le Niger, le Bénin et le Togo. Chaque jour, ce sont des camions gros porteurs qui empruntent ce trajet à destination du Sénégal, du Mali, du Niger, de la Mauritanie explique Amadé Thiombiano, chauffeur dans une société de transport. « Ça m’étonne que ce soit une route internationale qui soit délaissée de la sorte. Où vont donc ces taxes et autres frais de route », se demande le chauffeur, pour qui le piteux état de cette route internationale ne fait pas honneur au Burkina Faso. « Montez, on démarre tout de suite. La route est longue », clame-t-il d’un ton hâtant aux voyageurs.
De 3h en temps normal, le trajet Ouaga-Fada s’effectue en 6h environ depuis que la route est infréquentable. Les sociétés de transports qui desservent dans la zone de l’Est disent enregistrer une dizaine de départ de bus de 70 places par jours, avec une panne mécanique à chaque aller-retour selon des chauffeurs.