Les déchets plastiques représentent l’une des plaies modernes des villes et même des campagnes au Burkina Faso. Depuis 2009, Oumarou Ouédraogo a décidé de s’attaquer au fléau en transformant des tonnes de déchets plastiques en produits utiles et durables dans la ville de Koudougou.
Oumar Ouédraogo était « Parkeur » à l’hôpital de l’amitié de Koudougou. Mais en 2009, une idée qualifiée de folle par un de ses compagnons va lui traverser l’esprit. « Un jour je me rendais en ville avec un ami et on échangeait à propos des sachets qui remplissaient le bas-fond et les caniveaux. Je lui ai dit tu vois les sachets qui bouchent notre marigot, on peut utiliser ça pour faire quelque chose d’utile. L’idée est venue comme ça. Il m’a traité de fou mais je n’ai pas abandonné », raconte-t-il.
Pour joindre l’acte à la parole, Oumar vendra quelques mois plus tard sa bonbonne de gaz ainsi que son foyer. Cela lui permettra de disposer d’un peu d’argent pour acquérir le moule nécessaire à la transformation des sachets plastiques. Son travail consiste principalement à fabriquer des pavés de construction, des poubelles, des pots de fleur, des tabourets, des chaises, des tables et des bordures de jardin à base de sachets plastique collectés et mélangés à du sable. La technique, peu coûteuse, consiste à faire fondre les déchets plastiques dans un récipient. La pâte obtenue est ensuite passée à travers un moule pour produire les pavés et autres produits. « Les mêmes déchets plastiques étant utilisés comme combustible, les coûts de production sont considérablement réduits », indique-t-il.
Le travail de recyclage des déchets plastiques du natif de Koudougou profite à beaucoup d’autres personnes. C’est auprès des femmes que Oumar achète les sachets plastiques collectés nécessaires à son travail. « Les femmes ramassent les sachets pour stocker dans un coin et si ça atteint une certaine quantité, moi je pars peser et j’amène chez moi avec un taxi moto. J’achète le kilo à 75f », raconte-t-il. Le ramassage et la vente des déchets plastiques constituent un véritable gagne-pain pour ces femmes selon Oumar. « Il m’arrive régulièrement d’acheter les sachets à hauteur de 30 000 f chez les femmes » confie celui qui a fait du recyclage des déchets plastiques son métier.
Un terrain d’étude
Dans la cour de sa maison qui lui sert en même temps de lieu de transformation et d’exposition de ses produits, Oumar Ouédraogo ne travaille pas seul. Depuis une année, Larissa Bado, étudiante à l’université Norbert Zongo de Koudougou apprend à confectionner pavés, bordures de jardin et autres pots de fleurs à ses côtés. « Elle aime bien le travail que je fais et elle ne se débrouille déjà pas mal. Dès qu’elle n’a pas cours ou devoir à l’université, elle n’hésite pas à venir apprendre et me soutenir », explique le patron.
En plus de contribuer à l’assainissement de l’environnement, le travail de recyclage des déchets plastiques de Oumar Ouédraogo est également un terrain de recherche pour un étudiant en Bâtiment et Travaux Publics (BTP). En effet, pour son travail de fin d’études, Ilassa Ouédraogo a choisi de présenter les pavés en plastique de Oumar comme une solution novatrice pouvant contribuer à améliorer la qualité des voies au Burkina Faso à un moindre coût tout en contribuant à la protection de l’environnement.