La prison peut être l’occasion d’un nouveau départ pour des jeunes. Après un séjour en milieu carcéral, certains ont réussi leur réinsertion sociale. Bravant les regards accusateurs et autres préjugés, ils referment cette parenthèse de leur vie en s’appuyant sur les soutiens de parents et amis.
Des grincements de guitare dans les cellules de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). C’est ce qui rythmait et adoucissait le séjour carcéral de Roland Tapsoba alias Rolby. Incarcéré, ce jeune a trouvé l’occasion de réveiller sa passion pour la musique. « C’est là-bas que j’ai appris à jouer à la guitare, avec un garde de sécurité pénitentiaire. On avait un centre culturel au sein de la maison d’arrêt et c’est là-bas qu’on apprenait. Toutes les conditions n’étaient pas réunies pour un bon apprentissage. Quand on dit prison, là où on corrige, il y a des moments où ça n’allait pas », se rappelle le jeune.
La musique qu’il dit avoir pratiqué dans ses années lycées, avant d’abandonner pour être commerçant, renait progressivement. « Je m’étais dit qu’il fallait que mon passage me rapporte quelque chose. Au lieu de passer là-bas sans rien recevoir », dit-il. Rolby décide alors de faire de la musique le métier qui facilitera sa réinsertion sociale, une fois hors des barreaux. Bénéficiaire d’un projet d’aide à la réinsertion, Rolby commence l’enregistrement de son album en prison qui finalement sortira alors qu’il a déjà recouvré la liberté. « Je peux dire que je suis bien réinséré (…) j’arrive à avoir des scènes. Ça me permet d’avoir des revenus que j’investis dans autre chose. Quand je suis sorti nouvellement, mon objectif était de me faire un nom, pour cela, j’ai dû jouer souvent sans cachet », ajoute l’ancien pensionnaire de la MACO.
Cette nouvelle vie, Nafissatou Kaboré 29 ans, l’expérimente également. Après six mois en prison, la jeune femme a aussi réussi à reprendre le train de sa vie. « Quand je suis sortie, j’ai fait deux mois avant d’avoir du travail. Mais il faut en toute chose de l’honnêteté et de la franchise », précise-t-elle. Quand l’opportunité d’un nouvel emploi s’est présentée, elle dit avoir raconté son passé à son employeur. « Il a pris une semaine pour examiner mon dossier et m’a rappelé pour un entretien. Il a cherché à savoir s’il pouvait me faire confiance », explique Nafissatou.
Tout n’a pas été si facile à la sortie de prison, reconnait Roland Tapsoba. Il a fallu affronter les préjugés. « Les regards bizarres ça ne manque pas. Des gens se disent que si tu as fait de la prison, tu es un délinquant, malfrat, ou meurtrier. Ça fait mal, mais avec le temps, ça passe. Ceux qui me regardaient bizarrement ont commencé à se coller à moi », reconnait le jeune artiste pour qui, le soutien est venu de la famille, et des amis restés fidèles.
« Ma famille a été un grand encouragement, surtout quand je suis sorti avec un album. A ma dédicace, ma mère a coulé des larmes (…). La réinsertion commence par la famille. Il faut réussir à s’insérer dans sa propre famille », poursuit-il. Pour Nafissatou également, la famille a été d’un apport considérable dans sa nouvelle vie. « J’ai pris la chose avec philosophie, examiné au fond, essayé de ne pas déprimer. J’avais le soutien de ma famille et de mes amies. C’est grâce à ces personnes que j’ai pu m’en sortir et me réinsérer », précise-t-elle.