A Ouagadougou, le bitumage des grandes avenues s’accompagne d’abattage d’arbres. Des citoyens s’en offusquent, la mairie rejette la responsabilité sur les entreprises en charge des travaux.
L’avenue des Tensoba longue de près de 10 kilomètres est déblayée de tous ses arbres depuis quelques mois. Tout a été abattu à l’occasion de la réhabilitation du tronçon. Adama Kiemtokodo, étudiant, ne cache pas sa déception. Il dit être étonné que la commune fasse la promotion des espaces verts, alors que sur le terrain la réalité est tout autre . « Je m’attendais à ce qu’on laisse un espace sur le terre-plein pour le reboisement mais on y voit plutôt des pavés », déplore l’étudiant.
Le déboisement a naturellement un impact sur l’environnement, indique pour sa part Marou Zoungrana, usager de l’avenue des Tensoba. Pour lui, on ne peut pas construire sans déboiser, mais le plan d’aménagement doit obligatoirement prévoir le reboisement. « On voit très souvent qu’en lieu et place des arbres, ce sont des arbustes qui sont remis alors qu’ils ne peuvent pas remplacer les arbres. C’est pourquoi il faut un contrôle citoyen pour suivre l’après travaux notamment sur le reboisement », propose Marou.
Autre lieu, même constat. Sur l’avenue Warba au quartier Pissy, ce sont près d’une vingtaine d’arbres qui ont été abattus sous le regard impuissant des riverains et usagers. L’ombre d’un des rares arbres qui a échappé à la furie des haches et des tronçonneuses sert de salon de coiffure à Batogoma Sanogo. « Nous avons beaucoup prié pour la survie de l’arbre pendant les travaux du bitumage car c’est sous son ombre que nous tressons. Je quitte chaque jour à Zongo pour venir à Pissy depuis 2017. Ici, je gagne beaucoup de clientes, au moins 5 à 6 par jours alors qu’à la maison, je n’en ai même pas une. Cet arbre est une bénédiction pour nous », explique la coiffeuse qui espérait le reboisement d’au moins quelques mètres sur l’avenue Warba, reliant la nationale n°1 au quartier patte d’oie. «On voit juste quelques fleurs d’ornements au milieu du terre-plein », fait- elle remarquer, entourée de ses collaboratrices.
Les jets d’eau et les arbres au rond-point de la patte d’oie manquent à Sarah Zagré, élève en classe de 3ème. « On y voit que la couronne du chapeau du Mogho Naaba maintenant, et du gazon. Plus d’arbres. C’est beau, mais on aimerait qu’on replante et remette les arbres. Ça sera encore plus beau et plus protecteur pour l’environnement », commente l’élève en classe d’examen.
Le reboisement et l’entretien incombent à l’entreprise
Selon la conseillère en environnement de la commune de Ouagadougou Scarlett Zongo, dans le cas des travaux routiers, une étude d’impact environnemental recense tous les arbres. Aussi, un plan de gestion environnementale et sociale est proposé pour entre autres remplacer les arbres coupés.
Ainsi, poursuit-elle, lorsque le projet de construction est terminé, l’entreprise est tenue de replanter les arbres et de les entretenir pendant un temps déterminé. « Ce n’est pas la mairie qui reboise. Chaque projet a l’obligation de reboiser après avoir coupé », explique la conseillère en environnement. Toutefois, ajoute-t-elle : « selon l’entente avec le maître d’ouvrage, il se peut que les arbres soient replantés ailleurs que sur le site initial ».
Selon Adama Sourabié, employé de l’entreprise de travaux publics en charge des travaux sur l’avenue des Tensoba, il est prévu le reboisement dans leur plan. « Ça sera entre le dalot de la marche et les caniveaux sur la bretelle », rassure-t-il.