Les invités de Ya’ Débat sont divisés sur la polygamie. Pendant que certains comme le jeune marié Moustapha envisage de prendre plusieurs épouses, d’autres comme Raïssa estime qu’il faut purement interdire ce gendre d’union, symbole selon elle de l’égoïsme des hommes.
Très tôt, Moustapha Konté, jeune marié donne le ton du débat. Pour lui, les hommes sont de nature polygames. « Je sais qu’avec le temps, si mes conditions financières s’améliorent, je vais prendre une autre femme », dit-il, avant d’ajouter plus tard dans le débat qu’il prendra même une troisième femme : « Pour cela je me bats durement pour les installer confortablement ». Raïssa s’oppose farouchement. Elle attaque l’argument selon lequel les hommes sont de nature polygames. « Ce n’est écrit nulle part. En tant que jeune fille, je pense qu’être pour la polygamie, c’est empiété sur la liberté et l’épanouissement d’une autre femme », précise l’invitée qui ajoute par ailleurs qu’il y a bel et bien des hommes qui se contentent d’une seule femme.
Pourtant Aïcha Tamboura, enseignante à l’université soutient l’idée du jeune Moustapha. Pour elle, un homme va avec plusieurs femmes. « Ce sont les faits. Quand on regarde, même quand les hommes sont mariés, ils ont des femmes dehors. Ce sont ceux qui ont le courage de formaliser les deuxième, troisième, et quatrième relations qui rentrent dans la polygamie », clame-t-elle. Raïssa Zoungrana rebondit et reste campée sur sa position, exemples à l’appui. « Le niveau de mal être des enfants est réel, des guerres entre femmes, entre enfants, les flèches qu’on s’envoie, quand on voit tout cela, on n’a pas envie d’y être, ça rend la vie dure », soupire l’invité.
Sur ce plan Aïcha Tamboura reconnait que la vie dans un foyer polygame n’est pas facile. « Même en islam on dit que l’homme peut épouser jusqu’à 4 femmes, à condition d’avoir de l’équité dans la manière de s’occuper et de gérer ses femmes. Si on veut voir réellement, les principes ne sont pas respectés », explique-t-elle. Moustapha Konté, lui estime qu’il est bien possible d’aimer plusieurs femmes et d’être équitable. Son père étant polygame, il dit avoir vu comment il traitait ses deux femmes, la solidarité qui existait entre les enfants de différentes femmes. Pour le jeune homme, pour éviter toute dispute entre les femmes, il les traitera de la même manière. « Quand j’amène quelque chose, je les partage devant elles ».
« Trois nuits chacune…«
Raïssa Zoungrana surgit de sa chaise. « On ne parle pas de matériel, et les sentiments? Comment vous partagez votre amour à trois personnes de façon équitable ? », demande-t-elle. Aïcha Tamboura répond. « Chaque femme a son tour, trois nuits chacune (…) », explique-t-elle. « Mais il restera une nuit », lui lance l’animateur du débat Souleymane Koanda. « Oui mais il faut qu’il se repose », revient Aïcha, ce qui a l’avantage d’arracher le sourire des autres invités.
Intraitable sur sa position, Raissa Zoungrana estime qu’il faut que les normes sociales changent. « Qu’on fasse comprendre qu’un homme, c’est avec une femme et non avec plusieurs. Adam était avec Eve, pas avec Eve et Salimata », enfonce l’invitée. Aïcha Tamboura estime que c’est librement que certaines acceptent d’entrer dans un foyer polygame. « C’est un choix de vie. J’ai l’impression que toi Raïssa tu victimises trop la femme, comme si elle n’était pas capable de prendre une décision par rapport à sa vie », répond-t-elle.
Autre aspect relevé par le modérateur, les risques de maladies comme les infections sexuellement transmissibles dans les couples polygames. Mais cela est loin de décourager Moustapha. « Avant de m’engager, il faudra faire les tests et prendre des précautions », dit-il. Aïcha Tamboura suggère des réformes dans les mariages polygames qui sont généralement religieux. « Il faut voir avec les leaders religieux qui nouent ces mariages polygamiques pour que les conjoints viennent avec les tests avant qu’on ne noue le mariage », propose-t-elle.
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