La malnutrition infantile est un problème de santé publique dans la région du Centre-Est, où la proportion d’enfants dans cette situation est élevée. Pour y faire face, des initiatives sont mises en œuvre, dont celle du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) Urbain II de Tenkodogo, qui propose un programme spécial de prise en charge à travers des dons d’aliments enrichis et des conseils.
Le spectacle est saisissant ! De nombreuses femmes, certaines avec leurs enfants au dos, d’autres les tenant dans les bras, sont regroupées sous un hangar au Centre de Santé et de Promotion sociale (CSPS) Urbain II de Tenkodogo. On y entend le bruit des motos, des tricycles, le braiment des ânes attachés aux charrettes, mais surtout les pleurs des enfants.
Ceux-ci, en majorité amaigris, avec un ventre bedonnant, les yeux éteints, enfoncés dans leurs orbites, sont la raison de la présence de leurs mamans en ces lieux. Ce sont des enfants souffrant de malnutrition, emmenés soit pour la prise en charge soit pour le suivi.
Sali Balima âgée d’une trentaine d’années est une jeune mère d’un enfant victime de malnutrition. C’est lors des pesées que son enfant d’environ 40 semaines a été diagnostiqué malnutri. Mais, elle assure que depuis la prise en charge assurée par les agents de santé, l’état de son enfant s’améliore : « Il reprend du poids (…) », avoue-t-elle avec soulagement.
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Asseta Sorgho, 27 ans, également mère apprend que son « enfant était bien portant, mais à un moment, il ne voulait plus manger ni prendre la bouillie ». En le nourrissant uniquement au lait maternel, « son poids a diminué », concède-t-elle. Mais elle constate également que son enfant d’environ un an et demi se porte de mieux en mieux depuis le traitement au Centre de santé urbain II de Tenkodogo.
Le médecin chef du District sanitaire de Tenkodogo, Dr Pougyanga Sawadogo, nous apprend que ces enfants ne sont pas des cas isolés dans la région du Centre-Est. La situation est préoccupante dans cette localité du Burkina Faso. Face à ce constat, il existe une initiative de prise en charge des cas de malnutrition d’enfants à Tenkodogo. Le Centre de Santé Urbain II se positionne comme un cadre de lutte contre ce mal.
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L’infirmier chef de poste, Adama Kobiané, explique que c’est lors des visites de routine des nourrissons qu’on diagnostique le plus souvent les cas de malnutrition. Il précise que pendant ces visites, les agents de santé mesurent le poids, la taille et le périmètre brachial (circonférence du bras mesurée entre l’épaule et le coude) pour détecter les cas de malnutrition. Selon lui, il est parfois difficile de repérer à l’œil nu un cas de malnutrition et les parents sont souvent surpris quand on leur annonce que leur enfant est malnutri.
Ces parents, qui travaillent en général dans l’administration, ne comprennent pas comment leur enfant peut être malnutri, alors qu’ils ont de quoi les nourrir. L’explication est simple selon l’infirmier. Il ne suffit pas d’avoir de la nourriture à la maison. Il faut aussi « s’occuper de l’enfant, qui n’est pas comme un adulte pour qui on dépose à manger et c’est suffisant », explique Adama Kobiané pour qui, il faut encourager certains enfants à manger.
Pour les agents de santé, il faut s’occuper des enfants, non seulement en leur donnant de la nourriture, mais aussi en les surveillant quand ils s’amusent, en les flattant, en cédant à leurs caprices s’il le faut, afin qu’ils se laissent nourrir. Ce qui n’est pas le cas, selon l’expérience du chef de poste du Centre urbain II de Tenkodogo, pour les enfants dont les parents, surtout la maman, travaillent. Mais d’une manière générale pousuit Adama Kobiané, l’enfant malnutri « dans les cas sévères, (…) a l’aspect vieilli, avec des cheveux roux et cassants. Il est aussi hypotonique, n’a souvent pas de poids et est très faible ».
Long processus de récupération des enfants malnutris
L’agent itinérant de santé (AIS) au Centre de santé urbain II de Tenkodogo, Clarisse Yougbaré, explique comment elle prend en charge les enfants malnutris. Lorsqu’elle reçoit un enfant malnutri, elle lui fait d’abord un test d’appétit pour voir s’il mange bien. Ensuite, elle enregistre l’enfant et lui donne sa ration. « Si c’est un cas de malnutrition sévère, la maman doit venir avec l’enfant chaque semaine pour sa ration. Si c’est un cas modéré, la ration c’est toutes les deux semaines, et c’est 14 sachets de Plumpy nut, un aliment thérapeutique à base d’arachide», précise-t-elle, avant de noter que les rations sont gratuites.
Clarisse Yougbaré conseille aux mamans de faire des aliments riches comme la bouillie améliorée de petit mil. Pour cette bouillie, elle recommande de griller légèrement le petit mil sans enlever le son, puis d’ajouter du poisson, des arachides, et de faire la farine. Clarisse fait également savoir qu’en principe, il n’y a pas de prise de médicaments, sauf des traitements contre les vers intestinaux, le fer et parfois de l’amoxicilline.
Faute de nourriture, l’organisme consomme ses propres tissus. C’est ce qui arrive aux enfants malnutris. Les conséquences directes se ressentent sur le système de défense de l’organisme qui se retrouve affaibli. Cela expose à la mort. D’ailleurs, selon l’UNICEF, les enfants malnutris ont jusqu’à 11 fois plus de risques de mourir que les enfants ayant une alimentation adéquate.
Boureima Dembélé