Le centre de transfusion sanguine de Kaya est pris d’assaut par des jeunes au lendemain de l’attaque terroriste qui a causé la mort de plus de 130 personnes à Solhan. Ils font don de leur sang pour sauver les rescapés de la pire attaque terroriste enregistrée au Burkina Faso.
Du sang pour sauver les vies de ceux qui ont été blessés dans l’attaque de Solhan et qui pour certains sont hospitalisés à Dori. C’est l’initiative des jeunes de la ville de Kaya. Depuis lundi, ils sont plusieurs à prendre d’assaut le centre régional de transfusion sanguine. « L’initiative est née d’un groupe WhatsApp qui réunit les jeunes du secteur 1 de Kaya. A Dori il n’y a pas un centre de transfusion sanguine, le ravitaillement se fait à partir de Kaya. Avec d’autres camarades de la ville, on a décidé de toucher l’ensemble des jeunes de Kaya. En quelques minutes, on a décidé de faire un don de sang le lendemain lundi », explique Abdoulaye Tontorogbo, jeune volontaire travaillant à la mairie.
Selon Souleymane Ouédraogo, porte-parole des jeunes donneurs, au-delà des messages de compassion et de solidarité exprimés surtout à travers les réseaux sociaux, il fallait poser un acte fort. « J’invite les jeunes à ne pas rester sur les réseaux sociaux disant que je suis Solhan. Je suis Solhan se manifeste concrètement sur le terrain à partir de ce genre d’activités », dit-il.
L’appel semble avoir été entendu par des centaines de jeunes. A la fin de la première journée, ce sont 100 poches de sang qui avaient été collectées, précise Abdoulaye Tontorogbo. « Les jeunes étaient enthousiastes, très impliqués. Certains ont abandonné momentanément leur poste pour venir donner leur sang, d’autres par contre ont attendu à midi pour passer. Jusqu’à présent les gens viennent toujours au centre de transfusion sanguine », poursuit le jeune.
Allongée sur un lit, le bras tendu et portant le dispositif de transfusion, Nafi Zounoogo Ouédraogo salue l’initiative. Elle dit se sentir utile de pouvoir faire un geste qui pourrait contribuer à sauver les vies des rescapés. « C’est l’humanisme qui m’amène parce que je sais que tous ceux qui ont donné ne sont pas censés avoir des parents là-bas, mais nous sommes tous des burkinabè. Si une partie du Burkina est attaquée, je pense que ici nous on est concernés car ceux qu’on a tué, ceux qui sont blessées sont aussi des burkinabé comme nous », déclare-t-elle.
Pour ces jeunes, aucun Burkinabè n’est à l’abri des attaques terroristes ; d’où la nécessité de soutenir ceux qui sont directement touchés et qui s’en sortent avec des blessures. « On le fait parce qu’un jour on peut se retrouver dans cette situation. L’attaque s’est déroulée à Solhan demain, ça peut être chez nous ou partout ailleurs au Burkina », soutient Abdoulaye qui invite les jeunes d’autres provinces à continuer à entretenir la chaine de solidarité par diverses actions pour que les rescapés sentent qu’ils ne sont pas abandonnés.
Comme pour répondre à l’appel des jeunes, ce 8 juin, c’est la coordination des femmes de la région du Centre-Nord qui était au centre régional de transfusion sanguine pour faire le geste utile. « Nous avons demandé au maire de Kaya de veiller à ce que le sang collecté arrive à destination pour sauver nos compatriotes», a conclu Abdoulaye Tontorogbo.