Des maisons des jeunes et de la culture sont en souffrance au Burkina Faso. Dégradés, délaissés ou détournés de leur mission initiale, ces espaces qui étaient censés réunir des jeunes et permettre leur épanouissement deviennent des dépotoirs d’ordures ou des débits de boissons. Les invités de Ya’Débat ne cachent pas leur déception. Par contre, ils ne s’accordent pas sur la manière d’assurer un meilleur usage de ces cadres.
A Dassasgho, un quartier de la capitale burkinabè, il y a une maison des jeunes et de la culture. Mais Hyppolite Kaboré, étudiant et résident du quartier fait un triste constat : l’infrastructure est en état de dégradation avancée. Pour lui, la mairie et le gouvernement l’ont même oubliée. « Quand je suis arrivé et qu’on m’a dit que c’est la maison des jeunes, j’étais découragé (…) Ceux qui sont là, luttent pour maintenir la maison, sinon elle serait actuellement un dépotoir », explique le jeune invité.
Le constat est presque pareil dans toutes les localités du pays, enfonce Carl Karanga. Membre de l’association des jeunes pour le développement durable du Burkina, il organise des activités à travers le pays. Mais rarement, dit-il, les maisons des jeunes leur servent de cadre de rencontre de travail.
Samuel Nikiéma, conseiller municipal de la commune de Loumbila, à quelques encablures de Ouagadougou, regrette tout autre chose. « Il y a un problème. En amont, il n’y a pas une organisation bien murie pour valoriser, exploiter rentabiliser ces structures », regrette l’invité. Il apprend que lors du mandat du conseil municipal de sa commune, une dizaine de maisons de jeunes ont été construites et équipées, mais certaines sont fermées et d’autres détournées.
Les maisons des jeunes sont-elles réellement des maisons pour jeunes, lance Souleymane Koanda, l’animateur de Ya’Débat. Carl Karanga ne tourne pas. « Non. Je suis désolé de le dire mais c’est consacré à autre toute autre chose que ce qui était prévu », tranche l’invité qui donne l’exemple des débits de boissons qui ont remplacé ces espaces. Il propose que les municipalités et l’Etat prévoient des lignes budgétaires pour un meilleur fonctionnement de ces espaces pour jeunes. Le jeune étudiant n’est pas d’accord. Pour lui, l’argent est source de division, seul l’engagement compte. Karl Karanga reconnait que l’argent ne résout pas tous les problèmes, mais permettra d’assurer le fonctionnement de ces maisons.
La maison des jeunes de mes rêves…
Les invités s’accordent pour dire que les maisons des jeunes dans leur format actuel sont dépassées. « Les maisons qu’on construit aujourd’hui pour les jeunes n’attirent pas, les jeunes ne se reconnaissent pas dedans. Il faut essayer d’évoluer (…) il faut une mise à jour qui va intéresser les jeunes », clame le membre de l’association des jeunes pour le développement durable du Burkina. La maison des jeunes de Loumbila est-elle attrayante ? Le conseiller municipal Samuel Nikiéma ne répond pas directement à la question. « On ne peut pas tout faire à la fois (…) Nous faisons de notre mieux pour le moment », se contente l’invité.
La maison des jeunes de rêve pour Hyppolite Kaboré, serait celle qui intègre des terrains de sports à même d’abriter des compétitions, des tribunes, des salles multimédias, une structure chargée de la gestion du centre. Le rêve de Carl Karanga aussi n’est pas loin de là. « Un espace de co-working, de travail, des tables, des chaises, de la connexion wifi, des bouquins adaptés aux jeunes » et tout serait parfait selon lui.
Qu’en pense le conseiller municipal de ce rêve de jeune ? « « On a tous été jeunes. La jeunesse se caractèrise par la folie, tout est possible, il n’y qu’à faire ci ou cela pour que tout soit résolu, on croit pouvoir bouger les montagnes mais la réalité est tout autre chose. La réalité est toute autre », répond calmement Samuel Nikiéma, sous les regards médusés des autres invités.
L’intégralité de Ya’Débat sera diffusée ce 25 juin dans le grand débat à 9h sur l’ensemble des radios partenaires.