Le poulet local Burkinabè, communément appelé »poulet bicyclette », sera bientôt labellisé. Ainsi en ont décidé les autorités pour protéger ce gallinacée menacé par les poulets congelés, importés et sans goût selon des consommateurs.
Tikaré, espace récréatif situé au quartier Karpala de Ouagadougou. Peu avant 12 h ce 6 juillet 2021, Issa Congo grille un poulet posé sur un grillage. Il attise le feu de bois, verse un peu d’huile et de sel de temps en temps sur le poulet. Sa spécialité, les poulets locaux. « Les clients préfèrent le poulet local parce que la viande est plus consistante que les autres poulets qui contiennent beaucoup de liquide et qui n’ont pas de goût. Si on mélange un peu seulement avec d’autres poulets, il y a des disputes. », explique le jeune homme sous son hangar qui dégage de la fumée.
Assise sous un hangar avec des collègues enseignants, Elisabeth vient de croquer les derniers os de son »poulet bicyclette ». « Mangeons Burkinabè. Quand on mange on sent que c’est doux, c’est très bon. Mais ce qui vient d’ailleurs, c’est comme du chiffon, ça n’a pas de goût. Même quand on prépare avec de la sauce, c’est padaaaa (ndlr. sans gout ) », dit-elle, alors que ses camarades autour de la table acquiescent. Elisabeth apprécie donc la décision des autorités de labelliser le poulet local. « C’est une très bonne décision. On ne veut même plus les poulets qui viennent d’ailleurs, dans les cartons », poursuit-elle.
Son avis est partagé par Samira qui déplore l’importation de plus en plus grande de poulets de chair, congelés. « On préfère les poulets quand on va en brousse on court derrière eux, ils se cherchent nous on les attrape et on tue pour manger », image la jeune dame. Selon elle, avec les poulets de chair, il faut beaucoup mariner avant de préparer, mais au final, ils n’ont pas de goût. Il faut donc labelliser le poulet local afin qu’il soit davantage connu au Burkina et partout dans le monde, propose-t-elle.
Théophile Kagambèga lui estime que l’autorité a même tardé à engager le processus de labélisation du « poulet bicyclette » parce que celui importé fait courir des risques de maladies aux consommateurs. « On utilise souvent des produits qu’on injecte à ces volailles dont nous ignorons les conséquences néfastes sur notre santé», s’offusque-t-il.
Pour lui donc, l’autorité et les burkinabè devraient travailler à encourager la consommation du poulet local. « Consommons ce qui est produits ici, nous gagnerons comme le disait Sankara consommons ce que nous produisons. Cela aidera vraiment nos braves paysans », insiste Théophile qui dit être convaincu qu’avec la labellisation du ‘’poulet bicyclette’’, l’économie nationale en tirera profit.
Le processus de labélisation du « poulet bicyclette » a été lancé hier 5 juillet 2021 par les ministères en charge du commerce et de l’élevage. « C’est un processus innovant pour notre pays, compte tenu de la spécificité de notre poulet qui est reconnu sur les plans régional et international pour ses qualités en matière de masse et organoleptique (Ndlr. Propriétés d’un aliment en termes de goût, odeur, aspect, couleur et consistance). Il était important pour nous de travailler à sécuriser l’appellation poulet bicyclette qui est une trouvaille du Burkina Faso », a justifié le ministre en charge de l’élevage Modeste Yerbanga
Le Burkina Faso enregistre une production annuelle de 40 millions de volaille par an, selon les statistiques du ministère en charge de l’élevage. Plus de 80 000 têtes sont consommées quotidiennement à Ouagadougou.