Entre les hommes et les femmes, il faut plutôt lutter pour l’égalité au niveau professionnel, mais dans le couple et au plan social, cette égalité est une utopie. C’est ce que soutiennent certains invités de Ya’Débat. Pour d’autres autour de la table par contre, sur tous les plans, cette égalité est une nécessité pour changer qualitativement la société et le monde.
Un débat houleux autour d’un sujet qui passionne : l’égalité entre femme et homme. Georges Youl, communicateur donne le ton des échanges. Pour lui, il ne peut y avoir d’égalité entre un homme et une femme, puisqu’entre les êtres humains même, il n’y a point d’égalité. Le jeune homme soutient que l’inégalité est une loi de la nature. Il y a des pauvres, des riches. Le statut social, l’appartenance ethnique, et religieuse définissent l’identité de chaque individu. Mais en réalité, poursuit l’invité, ce n’est pas un problème, loin de là. C’est même cette diversité qui fait la beauté de l’humanité.
Cette opinion n’est pas du tout partagée par Reine Lydia Saloucou, directrice pays de l’ONG Pathfinder International œuvrant dans la promotion du droit sexuel et reproductif des communautés. Pour elle, aucune condition n’est immuable et il est du rôle de l’homme de travailler à améliorer sa situation. « Pour moi, le concept d’égalité, c’est l’égalité des chances (…) Il y a des mariages forcés, des filles qu’on retire de l’école, au niveau de l’emploi ce n’est pas évident d’avoir des femmes à des hauts niveaux », explique l’invitée pour qui, même dans le couple, il faut que la femme soit libre de mener ses activités, de voyager.
Etudiante, Valérie Dié Traoré dit ne pas se faire d’illusions. Il y a des inégalités qu’il faut travailler à enrayer. Il s’agit selon elle, de celles professionnelles. A diplôme égal, salaire égal, défend la jeune fille. Ça s’arrête là. Au plan social, aucune égalité n’est possible entre un homme et une femme. « Je ne suis même pas d’accord avec cette histoire d’égalité au niveau du couple. C’est à cause de cette histoire d’égalité qu’aujourd’hui on a plus de 1400 divorces par an, rien qu’à Ouagadougou parce qu’on se dit qu’on est égal à l’homme et qu’il faut qu’on lui tienne tête ».
Le plateau est chaud. L’animateur du débat Martin Kaba essaie de calmer ses invités qui parlent en même temps. « Il faut qu’on s’écoute », lance-t-il.
« C’est un combat importé »
Reine Lydia Saloucou regrette un malentendu. Selon elle, il n’est nullement question dans le couple de tenir tête à l’homme. Mais il s’agit plutôt de permettre à la femme de faire ce dont elle a envie pour être épanouie. « L’égalité, ce n’est pas si tu sors je vais sortir. C’est plutôt, si je veux exercer une profession, que j’aie cette possibilité. Si je veux acheter une maison, qu’on me donne cette possibilité, si je veux voyager, qu’on me donne cette possibilité. Mais qu’on ne me dise pas parce que je suis femme, je ne dois pas le faire. Que mon statut de femme ne me limite pas », poursuit la dame.
Youl Georges n’y croit pas. Le jeune invité note que dans certaines sociétés matriarcales surtout la sienne, la femme est au centre de la vie sociale, elle est épanouie. « Ce combat que les femmes mènent est un combat importé. Dans nos cultures, Nos parents avaient fait de telle sorte que la femme soit épanouie », clame-t-il, tout en ajoutant que « l’égalité importée » que l’on veut imposer dans nos sociétés est une utopie. Le combat qu’il faille mener, poursuit-il, c’est simplement pour la dignité humaine dans son ensemble, garantir le droit de se soigner, d’aller à l’école, se nourrir, se loger.
Cette position est partagée par l’autre jeune, l’étudiante Valérie Dié Traoré. D’ailleurs, elle soutient que ce sont surtout les femmes intellectuelles des villes qui mènent ce débat. « Dans les zones rurales si vous posez le problème, on ne va même pas vous regarder. Les femmes ne sont pas préoccupées par ça ».
L’intégralité de Ya’Débat sera diffusée ce 10 juillet dans le grand débat à 9h sur l’ensemble du réseau des radios partenaires de Studio Yafa.