Les métiers de mains attirent de plus en plus des jeunes Burkinabès. Selon certains, la fonction publique a montré ses limites et les métiers manuels sont l’option la plus sûre pour décrocher vite un emploi et éviter ainsi de grossir les rangs du chômage.
Au pavillon ‘’soleil levant’’ du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), Mohamine Béréwoudgou, le pas lent, passe de stand en stand. En ces lieux se tient le Salon africain de la maintenance qui fait la promotion des métiers de mains. Le jeune homme discute, prend des contacts à chaque arrêt. Étudiant en électricité industrielle dans un institut de la capitale, Mohamine dit préparer son avenir professionnel. Après son Bac série D il y a deux ans, il avait préféré changer la trajectoire de sa formation.
L’enseignement technique et ses opportunités
« Je trouve que l’enseignement technique offre beaucoup plus d’opportunités. On n’a pas besoin de passer plusieurs années à l’université. En deux ans même on est déjà prêts à travailler », dit-il. Le jeune homme qui va soutenir son mémoire de fin de cycle à la rentrée académique prochaine a déjà des projets. « Je compte ouvrir ma petite entreprise, la faire grandir et pourquoi pas employer d’autres jeunes. Nous voyons des entrepreneurs qui nous inspirent en électricité, en génie mécanique, en génie civil », poursuit-il.
Jean-Achille Kabré est lui technicien biomédical. En faisant le choix de l’enseignement technique, il espère augmenter ses chances d’avoir un travail, parce que selon lui, la fonction publique ne peut employer tous les jeunes. « Tout le monde veut être recruté par l’État, alors que l’État n’est pas capable de le faire. Il faut donc s’auto-employer », soutient le jeune homme.
Bourhan Nama est étudiant en électricité industrielle. Selon le jeune homme, qu’il soit employé ou pas à la fin de la formation, il pourra toujours s’en sortir, avoir un revenu. « Actuellement, au regard de la situation du pays, on remarque que la fonction publique est saturée, il n’y a plus d’emploi pour les jeunes. Le meilleur choix, c’est la technique. Quand on fait une formation technique, quand on n’est pas recruté dans la fonction publique ou recruté dans une entreprise, on peut créer sa petite société et se débrouiller, avoir un revenu », argue le visiteur des stands des différentes sociétés et entreprises qui exposent des offres.
« Les jeunes ont compris »
Pendant que des étudiants de l’université Thomas Sankara révisent dans la cour du SIAO où ils prennent cours par manque de place dans leur faculté, d’autres jeunes ayant fait une formation technique, font le tour des stands du salon africain de la maintenance. Rosine Bationo, tenancière d’un stand, salue cette initiative qui permet aux jeunes de connaître les différents débouchés liés aux emplois de mains.
Devant les installations du Centre de formation professionnelle de référence de Ziniaré à ce salon, Adama Barro, chargé de communication et marketing, ne se tourne pas les pouces. Il reçoit les visiteurs, explique les offres de formation et les éventuelles ouvertures sur le marché de l’emploi. « Les gens sont ébahis et disent qu’ils ne savaient pas que ça existe au Burkina », déclare-t-il, le sourire en coin.
Pour lui également les métiers de mains sont la meilleure alternative pour lutter contre le chômage des jeunes. « On ne doit pas tous compter sur l’État. Les jeunes ont déjà compris que l’enseignement classique a des limites. Il y a des gens qui ont des masters, mais ne savent pas où s’orienter, que faire. Il faut passer un concours, chercher à se faire embaucher après de très longues années d’études. Alors que juste une année en technique, tu peux t’en sortir », poursuit-il.
À côté des expositions, des communications sont données en lien avec la problématique de l’employabilité des jeunes et l’orientation post scolaire des jeunes dans les métiers de l’avenir au Burkina Faso.